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Grand Angle

La récupération des archives du Maroc est une bataille politique qui ne profite pas aux chercheurs, selon un responsable

L’organisation des archives au Maroc est une recommandation du rapport final de l’Instance Equité et Réconciliation (IER). Mais la tutelle évite de faire de la récupération des originaux de documents historiques du royaume se trouvant en France et en Espagne l’axe majeur de sa stratégie. Elle estime qu’il s’agit d’une bataille perdue d’avance et qui ne profite guère aux chercheurs.

Publié
Photo : Abdeell Gou
Temps de lecture: 2'

Au Maroc, la conservation des archives n’est pas une priorité. La première loi régulant ce secteur remonte à 1926, du temps du protectorat français. Il a fallu attendre 2007 pour l’adoption de la loi 69/99 portant création des Archives du Maroc (AM). Mais le cadre juridique demeure aujourd’hui encore incomplet. Ses textes applicatifs n’ont en effet pas encore été publiés dans le Bulletin officiel.

Ces longues décennies d’absence de l’institution AM ont sérieusement impacté la conservation de documents historiques, dont une partie a été laissé à l’abandon et à la disparition alors qu’une autre a franchi les frontières prenant principalement les destinations de la France et l’Espagne. Du coup, les Archives du Maroc n’ont que 2000 mètres linéaires, selon les propres révélations de son directeur.

«La récupération est une bataille politique perdue d’avance pour AM»

Contrairement à des pays arabes qui font de la récupération de leur Histoire une question stratégique, le royaume préconise plutôt une autre approche. C’est d’ailleurs la position exprimée, lors d’une conférence organisée hier à Rabat par le directeur d’AM, Jamaâ Baida.

Selon lui, il serait vain pour son institution d’entrer dans des confrontations directes avec la France et l’Espagne pour la récupération d’une partie des archives marocaines. Il estime que c’est une bataille perdue d’avance et qui nécessite des années. «Pire elle ne bénéficie en aucun cas aux chercheurs», a-t-il expliqué.

En revanche, Baida a défendu la voie du dialogue, annonçant que les négociations en cours avec les Français devraient permettre progressivement aux chercheurs marocains d’accéder à des copies de documents de l’Histoire de leur pays. Il a également cité la «récupération numérique» de 112 Dahirs depuis la Pologne.

L’organisation des archives au Maroc est encore à l’état embryonnaire. Ce n’est que le 8 juin, c’est-à-dire huit ans après l’adoption de la loi 66/99, qu’a eu lieu la cérémonie de signature d’un projet de décret ministériel entre le ministère de la Fonction publique et les Archives du Maroc. Ce texte applicatif ne sera opérationnel qu’après l’avis du Secrétariat général du gouvernement. C’est-à-dire pas pour demain.

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