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Grand Angle

Faillite du promoteur immobilier espagnol Martinsa-Fadesa : Quel impact sur le Maroc ?

Le géant de l’immobilier espagnol Martinsa-Fadesa a annoncé hier, lundi, qu’il allait demander sa liquidation judiciaire après avoir pataugé en eaux troubles pendant plusieurs années. Devrait-on s’attendre à un impact sur le Maroc où le groupe espagnol avait considérablement investi dans des projets à Saïdia, dans lesquels participent des groupes nationaux comme Addoha ou CDG ?

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C’est la nouvelle qui fait la une des journaux en Espagne et suscite un vif intérêt de la part de la presse internationale : Martinsa Fadesa a fait faillite. C’est un des plus grands groupes immobiliers du royaume ibérique. Mais après l’éclatement de le bulle immobilière en 2008, il s’est retrouvé au bord du gouffre avec une dette de 7,2 milliards d’euros. Le gouvernement espagnol a tout fait pour le sauver en 2011.

De nombreux clients insatisfaits en Espagne

Depuis, la société poursuivait ses activités bien que nageant en eaux troubles. L’équipe dirigeante avait proposé un nouveau plan de sauvetage sur lequel ses créanciers devaient se prononcer le 26 février dernier au plus tard. Ils l’ont finalement rejeté, le jugeant non viable. Dos au mur, Martinsa Fadesa a annoncé hier, lundi, qu’il allait demander sa liquidation judiciaire.

Le groupe termine ainsi non seulement avec de grosses dettes, mais aussi avec plusieurs affaires juridiques sur le dos, notamment une trentaine de plaintes de clients pour des défauts de construction en Espagne, rapporte le site économique Cinco Dias. Egalement présent dans sept autres pays d’Europe ainsi qu’au Mexique et au Maroc via la société General Firm of Morocco (GFM) qu’il détient à part égale avec Addoha, sa faillite pourrait bien se faire ressentir au-delà des frontières espagnoles. «En règle générale, la faillite d’un grand groupe affecte toujours ses participations à l’international, puisque quand on saisit les biens de la société mère, ceux détenus à l’étranger sont également concernés», explique à Yabiladi un expert de l’immobilier.

Certains attendent encore la livraison au Maroc

Aujourd’hui donc, de gros points d’interrogations se posent quant à l’avenir des projets dans lesquels Martinsa Fadesa est engagée au Maroc via GFM. C’est le cas notamment des fameux «Jardins Moulouya» à Saïdia. Il est vrai qu’à ce jour le projet a bien avancé. En 2014, il y a eu «400 à 500 livraisons d’appartements», assure à Yabiladi Mohammed El Halfa, porte-parole d’Acia, l’association représentant les intérêts des clients MRE. Mais certains attendent toujours d’être livrés alors que le projet date de plusieurs années.

Un programme est prévu cet été, confie M. Halfa, pour la livraison de plusieurs appartements. Et l’association espère que la faillite de Martinsa Fadesa ne changera rien à l’avancée des travaux, car dit-il, «le seul point positif depuis l’année dernière est que le projet n’a plus connu d’arrêt». Selon les information recueillies le projet ne serait pas impactée car la gouvernance est entièrement gérée par Excelia, filiale d'Addoha.

Stock d’appartement à la station Saïdia ?

Le promoteur marocain deviendra-t-il le seul actionnaire ou ouvrira-t-il le capital de la filiale commune à un nouvel investisseur ? Nous n'avons pas pu obtenir de réponse au sein du groupe Addoha, mais à en croire l’expert en immobilier, «tout dépend des clauses du contrat au départ». «C’est généralement assez compliqué dans le secteur immobilier. Il faut savoir si les actionnaires ont opté pour un arbitrage ou non, etc. Il y a pleins de possibilités qui imposent pleins de procédure», explique-t-il.

Cependant, la situation financière dans le secteur immobilier ne prête pas à l'optimisme. Dans un article paru dans sa dernière édition, La Vie éco décrivait «la descente aux enfers des grands groupes immobiliers» marocains (Alliances, Addoha et CGI) qui «n’ont généré aucune trésorerie sur la vente des logements depuis 2007». Les trois sociétés traineraient ainsi depuis 8 ans, d’après la même source, un déficit de trésorerie moyen de 4 milliards de dirhams.

L’autre projet d’envergure dans lequel Martinsa Fadesa était engagé au Maroc est celui de la station de Saïdia, via la Société d’aménagement de Saïdia (SAS) filiale à 100% de GFM. Il est vrai qu’en 2012, le projet est passé aux mains de la Société de développement de Saïdia (SDS), filiale de la CDG, mais la SAS avait la responsabilité d’écouler le stock d’appartements qu’il possédait dans la station. Mais à ce jour, aucune information ne filtre quant à l’avancée des ventes. Nous avons tenté en vain de joindre les différentes sociétés concernées. Mais vu les difficultés et les retards que connaissent les projets immobiliers à Saïdia, il ne serait pas étonnant que le bilan soit négatif. C’est dire que la disparition de l’espagnole Martinsa Fadesa pourrait freiner certains projets au Maroc, à moins que ses partenaires locaux ne reprennent très vite la main.

Dernière mise à jour : 04/03/2015 à 13:06 (GMT+1)

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