Le tanker United Leadership, qui transportait la première cargaison de pétrole kurde, a finalement quitté hier après-midi, le port de Mohammedia. Sa prochaine destination est pour le moment inconnue. Néanmoins, des médias irakiens, avancent l’hypothèse de l’est de Gibraltar. Il suivrait alors le chemin d’un autre pétrolier, le Minerva Joey, rempli de plus 300 barils en provenance du Kurdistan, qui avait pris la même direction avant de se rendre au port de Limassol à Chypre.
Trois mois en rade en attendant un acheteur
Ce départ signifie que les Kurdes n’ont pas réussi à convaincre la compagnie saoudienne Corral, propriétaire de la raffinerie SAMIR, d’acheter la cargaison du United Leadership. Elle a ainsi cédé aux pressions du gouvernement de Bagdad en procédant à l’annulation du contrat, juste quelques jours après les menaces proférées par l’ancien premier ministre irakien, le chiite Nouri Al Maliki. Dans un entretien accordé à une chaîne locale, ce dernier dénonçait, début juin, ce genre d’opération conclu sans l’autorisation de son gouvernement, le considérant au passage comme un «vol» et une «violation de la souveraineté et la constitution» de son pays.
Des propos pris très au sérieux par de nombreux Etats. Outre le Maroc, les Etats-Unis ont également conseillé à leurs firmes d’éviter d’acheter du pétrole kurde pour échapper aux sanctions des autorités de Bagdad. Et le message est semble-t-il passé puisque le tanker Minerva Joey avant d’accoster à Chypre avait, initialement, jeté l’ancre au port de New Jersey pour tenter de vendre sa cargaison.
En dépit de ce petit revers commercial et diplomatique, l’avenir s’annonce prometteur pour le Kurdistan, la région autonome à la tête de laquelle trône, depuis la chute du régime de Saddam Hussein en mars 2003, la famille Barazani. La guerre américaine contre Daesh lui offre de nouvelles opportunités pour écouler son pétrole. Des médias irakiens font, par ailleurs, état de contrats conclus pour la livraison de quatre millions de barils de pétrole kurde à la Chine.