C’est dans les environs de Tétouan que des ornithologues marocains ont observé, il y a un peu plus d’une semaine, le vautour africain appelé Gyps africanus. Une première au Maroc !
«Il volait très haut, accompagné de vautours de Rüppel [qui sont déjà connus dans le pays, ndlr]», indique à Yabiladi un de ces ornithologues et membre du Groupe de recherche pour la protection des oiseaux du Maroc, Rachid El Khamlichi. «A un moment, ils ont commencé à descendre vers le sol, poursuit-il. C’est alors que nous avons constaté qu’ils étaient attirés par un cadavre de vache dans le coin. Quand ils se sont posés, nous en avons profité pour prendre des photos».
Cinquième observation autour du détroit de Gibraltar
Avec son dos blanc, le vautour africain est issu de la famille des accipitridés, une espèce d’oiseaux de proie, dont la taille peut varier de 20 à 150 centimètres et dont le bec crochu est garni à la base d’une cire charnue. Ils ont généralement des pattes puissantes munies de serres acérées, de larges ailes et jouissent d’une vue perçante.
Pour les ornithologues, cette observation est inédite, car le Gyps africanus n’est généralement pas migrateur et vit plus dans les savanes de l'ouest et de l'est de l'Afrique. Et jusque-là, il n’y avait eu que quatre observations de ce vautour dans les environs du détroit de Gibraltar : 3 en Espagne et 1 au Portugal. Celle du Maroc est donc la 5e du genre.
Une découverte qui suscite la curiosité à l’étranger
De plus, il s’agit d’une espèce rare. Si rare que l’événement a même attiré la curiosité des spécialistes étrangers. «Nous avons été contactés par des ornithologues européens, notamment d’Angleterre et de France. Le Français était même prêt à venir jusqu’au Maroc pour voir le vautour africain», raconte M. Khamlichi.
Mais pour l’instant, il n’est pas possible de programmer une observation de cet oiseau au Maroc, car il n’y reste pas de façon permanente. D’ailleurs quelques jours après la découverte, le groupe d’ornithologues est retourné sur le site où le Gyps africanus avait été observé pour la première, sans pouvoir le repérer à nouveau. «Le plus intéressant, c’est qu’on sait maintenant que cette espèce arrive au Maroc», estime M. Khamlichi.
Au Maroc, l’observation des oiseaux se fait l’aide de jumelles et télescopes, à des points stratégiques bien définis. Selon Rachid El Khamlichi, la zone de Jbel Moussa près du port de Tanger-Med est «l’un des meilleurs points d’observation de la migration des oiseaux» dans le pays. Depuis plusieurs années, le Groupe de recherche pour la protection des oiseaux du Maroc travaille en partenariat avec une association espagnole pour faciliter et accélérer l’observation des oiseaux autour du détroit de Gibraltar. Cette nouvelle découverte vient encore donner un coup de pouce à leurs travaux.