L’Union du Maghreb était l’un des thèmes que devait aborder le roi Mohammed VI lors de sa visite en Tunisie. Devant le parlement, le souverain n’a pas manqué de revenir sur la question dans un discours plutôt direct. Après avoir salué le processus démocratique en cours dans ce pays, le roi a évoqué les rapports de bon voisinage qu’entretiennent les deux pays. Des rapports déjà matérialisés par les visites de ses prédécesseurs, Mohamed V et Hassan II.
Mais le point focal de ce discours aura été la construction d’un Maghreb fort sur les plans économique, politique et social. Sur ce point, le roi estime que les Etats doivent agir ensemble et coordonner leurs initiatives. Il a ainsi fustigé les approches individuelles prônées par certains pays. «Il se berce d’illusion celui qui s’imagine qu’un Etat peut, à lui seul, venir à bout des problèmes liés à la sécurité et à la stabilité», explique-t-il dans son discours. Pour le souverain, «l’expérience à démontré que les approches exclusives sont inopérantes pour faire face aux dangers sécuritaires qui guettent la région, surtout au regard des défis que connaît l’espace sahélo – saharien en matière de sécurité et de développement». En effet, les menaces terroristes en Libye mais aussi au Mali impose une coopération régionale en matière de sécurité. Sur ce point, l'Algérie a longtemps exclu toute coopération militaire avec ses voisins maghrébins. Même lors de l'effondrement de l'Etat malien, l'Algérie est restée sourde aux demandes de coopération de la France.
Des messages clairs au voisin algérien
Le souverain de continuer, «c’est aussi un leurre de penser que le maintien de la situation actuelle et de l’état d’immobilisme que connaît le grand Maghreb peut être érigé désormais en stratégie payante». La situation de l’UMA doit évoluer afin d’offrir à l’union la place qui lui revient. Le roi a pour cela évoqué le dossier sensible de la fermeture des frontières qui ne cadre ni avec la charte de l’Union ni avec le besoin d’évolution à laquelle elle aspire. «Ce qui est particulièrement en cause à cet égard, c’est la persistance de la fermeture des frontières. Cette clôture n’est compatible ni avec la Charte fondatrice de l’Union, ni avec la logique de l’Histoire, encore moins avec les exigences de l’interdépendance et de la complémentarité géographique», ascène-t-il. Une allusion directe au différent maroco-algérien sur la fermeture de la frontière terrestre depuis environ 20 ans.
Il continuera en se projetant dans un Maghreb fort et uni. «Cette situation qui persiste depuis de nombreuses années va à l’encontre des intérêts des peuples maghrébins qui aspirent à l’unité et à l’intégration». Une Union du Maghreb forte «doit reposer sur de solides relations bilatérales unissant entre eux les cinq Etats du Maghreb et s’appuyer, par ailleurs, sur des projets inclusifs qui renforcent la position et l’évolution de l’Union maghrébine», prévient le souverain.