C’est la panique chez certains jihadistes marocains qui se sont engagés dans le conflit syrien. Des dizaines d’entre eux, séjournant actuellement à la frontière turco-syrienne après avoir quitté les troupes des rebelles, demandent au Maroc d’être indulgent à leur égard et de ne pas les emprisonner après leur retour au royaume, rapporte l’agence de presse EFE.
Vraisemblablement, l’écho des mesures prises par le gouvernement chérifien ces derniers temps est arrivé jusqu’à eux. En effet, le Maroc procède depuis plus d'un mois à l’emprisonnement de plusieurs jihadistes revennant de la Syrie. Et leur crainte a dû être davantage renforcée suite à l’opération menée, la semaine dernière, par les services secrets marocains conjointement avec leurs homologues français, au niveau de la frontière turco-syrienne. Rappelons qu’elle a conduit à l’arrestation d’Ahmed Chaâra, considéré comme le plus célèbre des combattants marocains en Syrie.
Ils ne devraient pas tous être considérés comme dangereux ?
D’après les déclarations à EFE d’un expert marocain des affaires militaires et stratégiques, Abderrahman Mekkaoui, les jihadistes qui renoncent vont directement vers la Turquie où l’Afrique du Nord où ils sont souvent recrutés en masse. D’après lui, ces hommes en ressortent souvent désespérés et certains sont parfois exécutés par des groupes extrémistes à cause de leur renoncement.
Dans le même sens, un chercheur à l'Institut allemand des affaires internationales et sécuritaires, Mohamed Mesbah, expliquait récemment que les jihadistes marocains qui décident de retourner au pays «se trouvent face à un dilemme, car certains d'entre eux ont découvert la réalité de la situation sur le terrain en Syrie». Pour lui, les Marocains partis combattre le régime de Bachar Al Assad ne doivent pas tous être mis dans le même panier. «Certains ont certes embrassé l'idéologie jihadiste, mais d'autres n'ont été motivés que par un pur enthousiasme. Il faut leur donner une seconde chance», suggère-t-il.
La DGSN prône la prudence avant tout
Depuis 2011, plus de 1000 jihadistes marocains se sont rendus en Syrie, dont 900 rien qu'en 2013, selon les chiffres de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), dévoilés récemment. Et pour les autorités, leur retour constitue un danger pour le pays, dans la mesure où leurs intentions restent méconnues. Le patron de la DGSN, Hicham Baali, reconnait que le Maroc pourrait explorer d’autres approches que celle du type sécuritaire, mais estime que la prudence doit rester de mise.