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Suisse : La majorité a voté pour la fin de « l'immigration de masse »

Les résultats du référendum, organisé dimanche en Suisse, pour la fin de l’immigration de masse sont désormais connus. Une courte majorité des Suisses a voté pour le texte proposé par l’UDC, limitant notamment la libre circulation des  personnes avec l’Union européenne et le retour des quotas.

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Comme prévu, les Suisses se sont prononcés hier, dimanche 9 février, sur l’initiative de l’Union démocratique du centre (UDC) concernant «l’immigration de masse». Résultat : Une courte majorité de 50,3% a voté pour le texte limitant, notamment, la libre circulation des personnes avec l’Union européenne (UE) et réclamant la réintroduction de contingents d’étrangers dont les demandeurs d’asile.

Selon l’AFP, près d’1,46 million de personnes ont soutenu ce texte alors qu’ils étaient environ 1,44 millions, principalement de la Suisse romande,  à s’y opposer. Plus exactement, «le camp du oui a réuni 19 516 voix de plus que celui des opposants». Le referendum obtient donc la double majorité requise pour son application, soit la majorité des cantons et la majorité des électeurs, désavouant ainsi les milieux économiques et les autorités du pays, mais pas seulement.

Une «gifle» pour la presse suisse romande

La presse de la Suisse romande a été, en effet, la première à s’alarmer de ce vote. Pour le journal Le Temps, basé à Genève, «le retour aux contingents de travailleurs européens» constitue «un tournant historique dans la politique européenne de la Suisse et qui aura des conséquences imprévisibles».

«Une fois de plus ce sont les régions les moins touchées par l'immigration et la libre-circulation qui ont marqué le plus nettement leur volonté de les maîtriser», relève le quotidien, regrettant par ailleurs la faible implication du gouvernement dans l’organisation de ce referendum. La Tribune de Genève a, pour sa part, estimé qu’il s’agissait d’une «gifle pour le Conseil fédéral».

Titrant «Le jour où un pays prospère s'est inventé une crise majeure», 24 heures, quotidien publié à Lausanne, voit lui une nouvelle division de la population suisse à travers ce vote. «Vingt et un ans et deux mois après avoir refusé l'Espace économique européen (Ndlr : par référendum en 1992 avec un score quasi identique), le peuple suisse, à nouveau divisé comme jamais, vient de donner un coup d'arrêt à la libre-circulation des personnes», écrit le journal. «La partie s'annonce rude pour un pays très intégré économiquement mais très isolé politiquement», ajoute-t-il.

La France et l’UE regrettent

En France, pays limitrophe de la Suisse, le gouvernement socialiste a exprimé son regret par la voix de Laurent Fabius. «C'est un vote préoccupant parce qu'il signifie que la Suisse veut se replier sur elle-même (...) et c'est paradoxal car la Suisse fait 60% de son commerce extérieur avec l'Union européenne», a déclaré sur la radio RTL le ministre français des Affaires étrangères.

«C'est une mauvaise nouvelle à mon avis à la fois pour l'Europe et pour les Suisses, parce que la Suisse refermée sur elle-même, ça va les pénaliser», a-t-il estimé, ajoutant que «la Suisse toute seule ne représente pas une puissance économique considérable».

«On va revoir nos relations avec la Suisse» après cette décision, a-t-il poursuivi. «Il y a depuis 1999 des accords avec la Suisse qui portent notamment sur la libre circulation des travailleurs et sur beaucoup d'autres éléments et il y a une clause dite de ‘guillotine’ qui fait que si l'un des éléments est mis en cause, tout tombe, donc ça veut dire qu'il va falloir renégocier», a-t-il précisé.

Même son de cloche du coté de la Commission européenne. Dans un communiqué publié après l’annonce du résultat, celle-ci  «regrette que l'initiative pour l'introduction de quotas sur l'immigration soit passée via cette votation. Cela va à l'encontre du principe de libre-circulation des personnes entre l'Union européenne et la Suisse». «L'Union examinera les implications de cette initiative sur l'ensemble des relations entre l'UE et la Suisse. Dans ce contexte, la position du Conseil fédéral sur le résultat sera aussi prise en compte», conclut la Commission européenne.

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