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Grand Angle  

Québec : Polémique autour de la vidéo-témoignage d’une famille canadienne en « Musulmanie »

4 jours après sa mise en ligne, une vidéo présentant le témoignage d’une famille canadienne, qui soutient le projet de la Charte des valeurs québécoises, continue de faire le buzz. Pour conforter son point de vue, celle-ci avait choisi de raconter, vendredi devant la commission parlementaire chargée du projet, son voyage au Maroc notamment, où elle avait été étonnée de voir «des gens prier à quatre pattes» et d’autres porter des «cagoules» et «déguisements» dans la rue.

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Pendant que le projet de la Charte des valeurs québécoises continue de faire des remous au sein de la communauté musulmane de la province, une famille canadienne est actuellement au centre de la polémique. Vendredi dernier, celle-ci a été appelée à témoigner de son expérience au Maroc et en Turquie, deux pays à majorité musulmane, devant la commission parlementaire chargée du projet et du ministre qui en est à son origine, Bernard Drainville.

Le témoignage de Geneviève Caron, 72 ans, et de son mari Claude Pineault, 76 ans, diffusé le même jour sur le web, n’a toutefois pas tardé à devenir la risée des internautes.

Cagoules, déguisement et personnes à quatre pattes

Dans son témoignage, Geneviève Caron a choisi de raconter sa visite d’une mosquée au Maroc, où elle a, d’abord, été surprise de se voir demander d’enlever ses souliers. «Comment ça, enlever nos chaussures?», leur avait-elle répondu. La septuagénaire, qui n’avait visiblement jamais vu de musulmans prier, a ensuite été «très» étonnée de voir les fidèles en prosternation, rapporte le journal en ligne canadien Canoe.ca.

 «C'était comme ici, un grand tapis, c'était grand. À un moment donné, j'ai dit qu'est-ce qui se passe? Il y avait des hommes à quatre pattes, à terre. Voyons, qu'est-ce qu'ils font là?», s’était-elle interrogée. Quand le guide lui explique que ces hommes ne faisaient que prier, Mme Caron répond : «Voyons! Prier à quatre pattes, à terre sur des petits tapis, c'est quoi cette affaire-là?». «Je suis retournée dans l'autobus et j'ai dit ça ; peux-tu, aller prier à quatre pattes sur un tapis?», a-t-elle poursuivi.

Claude Pineault, lui, a surtout gardé en tête les «cagoules» que portaient certains au Maroc, ainsi qu’en Turquie. «Ce que je sais, c’est qu’il est impensable de permettre à des personnes de se promener au Québec dans les rues, les endroits publics, enfin, nulle part sauf dans les résidences ou les endroits privées avec de tels déguisements», a-t-il soutenu. «Si une personne avec une “cagoule” a le droit de se promener en public et même de voter aux élections, pourquoi moi je n’aurais pas le même droit ? », a-t-il ajouté.

Impossible de ne pas rire

Sans surprise, dès sa mise en ligne, la vidéo du témoignage a suscité une vague de commentaires sur les réseaux sociaux. «Quand on écoute cette vidéo, on a l’impression que le Canada se trouve sur la planète Mars», «mort de rire à l’idée que des gens puissent être si cons» ou encore «des osties de mongols, représentatifs des Québécois qui vivent en région» sont quelques exemples cités par Le Journal de Québec.  

«Impossible de ne pas rire un peu, même beaucoup, en écoutant la famille Pineault-Caron raconter ses voyages au Maroc et en Turquie devant la commission parlementaire sur le projet de loi 60. C’est à la fois drôle à s’en taper les cuisses (…) et triste à pleurer», écrit pour sa part la blogueuse, chroniqueuse et journaliste canadienne Lise Ravary. «Au fond, l’ignorance et la fermeture d’esprit, un cocktail toxique, de ces deux personnes, manifestement peu instruites et mal informées, (ou mal instruites et peu informées), n’a rien de drôle. Ni pour eux, ni pour nous», a-t-elle ajouté.

Phobie irrationnelle  

Si la majorité des internautes y ont vu «une incarnation du ridicule», le porte-parole de l’Association des musulmans et des arabes pour la laïcité au Québec a dénoncé des propos racistes et islamophobes. «Islamophobe dans le sens maladif du terme, c'est-à-dire une phobie totalement irrationnelle», a souligné Haroun Bouazzi, interrogé par Canoe.ca.

«C'est dommage que le gouvernement instrumentalise ces gens-là. Ils se retrouvent à se ridiculiser en public en pensant qu'ils ont une légitimité», a-t-il poursuivi, estimant que Bernard Drainville devait mettre un terme à leur discours.

«Quand j'entre dans une église et que je vois des gens debout ou assis, je ne fais pas de commentaires désobligeants et je ne me moque de personne. Je respecte la religion de tous et c'est de ça dont il est vraiment question», a pour sa part réagi, Salam El Menyawi, président du Conseil musulman de Montréal. «On a besoin d'éduquer la population, a-t-il poursuivi. C'est triste, parce que les gens qui ne connaissent rien à notre religion vont se fier à ses commentaires», a-t-il estimé.

Le projet de la Charte des valeurs québécoises, dévoilé en septembre dernier, vise selon le gouvernement Marois à «affirmer la neutralité religieuse de l'Etat». Le texte, qui en est pour l'instant au stade du débat, propose, entre autres, d’interdire le port de signes religieux dans la fonction publique.

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