Fatima Houda-Pepin, députée de La Pinière à l’Assemblée nationale du Québec, risque de se voir exclue du Parti libéral du Québec (PLQ). Et pour cause, l’élue, originaire de Meknès, au Maroc, vient de publier une lettre dans laquelle elle se dissocie de la position de son parti.
Celui-ci a fait savoir, en début de semaine, par le biais de son porte-parole en matière de laïcité Marc Tanguay, que les femmes portant le tchador étaient les bienvenues au PLQ. Le parti souhaite, en effet, que les employés de l’Etat puissent avoir le visage découvert, mais s’oppose toutefois à l’interdiction du port des signes religieux apparents, comme stipulé par la Charte des valeurs québécoises. Fatima Houda-Pepin, elle, voit les choses autrement.
Contre le tchador à l’Assemblée nationale
«C'est la goutte qui a fait déborder le vase», écrit-elle dans sa lettre intitulée «Je suis libérale et fédéraliste et je suis contre le tchador à l'Assemblée nationale», publiée jeudi 14 novembre par la presse canadienne. Se disant «sidérée, blessée et choquée» par les propos de son collègue, Fatima Houda-Pepin indique d’abord qu’un «tel positionnement» n’avait jamais été discuté dans le caucus du PLQ.
«Est-ce que c'est ça le modèle d'égalité homme femme que le PLQ veut maintenant présenter à la face du Québec? Est-ce que les Québécoises ont fait tout ce chemin pour en arriver à prendre comme modèle de l'égalité homme-femme, celui de l'Arabie-Saoudite ou de l'Iran des Ayatollahs ?», estime-t-elle ensuite, avant de s’interroger : «Suis-je encore au Parti libéral d'Adélard Godbout qui a accordé aux Québécoises le droit de vote et d'éligibilité des femmes, un droit gagné de haute lutte par les suffragettes et les militantes libérales ?».
Dans son courrier, Fatima Houda-Pepin explique que le tchador est opposé au principe de la démocratie. «Quand on connaît la signification du tchador et de sa variante afghane, le tchadri, comment peut-on justifier l'acceptation d'un tel symbole dans ce haut lieu de notre démocratie qu'est l'Assemblée nationale ?», poursuit-elle.
«Je suis libérale et fédéraliste et je refuse toute dérive vers le relativisme culturel sous couvert de religion, pour légitimer un symbole, comme le tchador qui est l'expression même de l'oppression des femmes, en plus d'être la signature de l'intégrisme radical», ajoute-t-elle.
Une proposition de loi
Assurant que sa lettre n’était nullement une réplique à la Charte des valeurs québécoises, la députée a annoncé qu’elle déposera un projet de loi sur la neutralité religieuse de l'État dans les prochains jours. Entre temps, Bernard Drainville, ministre responsable des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne, derrière le projet de la Charte des valeurs, a fait savoir qu’il était «surpris» par la position de l’élue libérale. «Mme Houda-Pepin a fait le même constat que nous en matière d'égalité homme-femme : c'est une valeur fondamentale au Québec, il faut la protéger, il faut l'affirmer et c'est ce que fait la charte», a-t-il souligné.
«Ça n'a pas été le grand plaisir de voir ça», a confié de son côté, le député libéral de Verdun, Henri-François Gautrin. Le PLQ n’a, toutefois, pas encore rendu sa position officielle sur la sortie de Fatima Houda-Pepin. A en croire le journal La Presse, celle-ci risque l’exclusion du Parti libéral du Québec.