Environ 10 prisonniers espagnols, à Tétouan, ont entamé une grève de la faim lundi 12 août. Dans une demande manuscrite, ils appellent les autorités espagnoles à faire le nécessaire pour qu’ils soient transférés vers leur pays d'origine, afin d’y purger leur peine, rapporte le site d’information ibère, Nuestra Tele Noticias. «Nous réclamons le respect de nos droits en tant que prisonniers», a déclaré l’un d’entre eux, Sergio, condamné à six ans de prison pour trafic de drogue. L’homme de 35 ans avait été arrêté dans un bateau en possession de plus d'une tonne de haschisch.
«Pourquoi transférer certains détenus et pas d’autres ?», s’offusque ce prisonnier qui crie à l’injustice, faisant allusion à la grâce accordée à 48 détenus espagnols au Maroc, ainsi qu'au transfert en Espagne de Daniel Galvan, survenue après sa disgrace.
«Irrégularité et désorganisation»
«Nous sommes scandalisés. Nous voyons comment un violeur d’enfants, qui représente un danger pour la société, a été gracié et nous, qui sommes des parents, croupissons ici [en prison, ndlr]», s’indigne Sergio. L’homme reconnait son délit [trafic de drogue] et en parle comme étant «la plus grande erreur» de sa vie : «Quand votre fille pleure parce qu'elle n’a rien à manger et que vous êtes accablés par une hypothèque, vous voulez faire tout ce qu’il faut pour apaiser la situation. J’ai fait un mauvais choix». Et comme ce père de famille, plusieurs empruntent cette voix. Selon la presse espagnole, 80% des prisonniers espagnols au Maroc le sont pour des raisons de trafic de drogue.
Les prisonniers en grève de la faim sont d’autant plus indignés par les cas de certains Espagnols graciés alors qu’ils avaient commis le même délit, à savoir le trafic de hashich. Ils citent en exemple le cas de Mounir Molina, l’Espagnol d’origine marocaine gracié sans avoir été jugé. D’après ces hommes, tout cela «démontre le niveau d'irrégularité et de désorganisation» de la justice marocaine.
Mauvaises conditions de détention
Outre certaines libérations, les prisonniers espganols déplorent les mauvaises conditions de détention à Tetouan, lesquelles auraient même des incidences sur l’état de santé des détenus.
L’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH) n’est pas encore au parfum de toute l’affaire, mais condamne une fois de plus l’état dans lequel vivent les prisonniers pas seulement à Tétouan, mais partout dans le royaume. «Il nous faut prendre connaissance de leur dossier et voir tous les paramètres de leur condamnation. Mais, il n’est un secret pour personne que les conditions de détention au Maroc sont inhumaines. En cela, ils ont le droit de demander un transfert», indique à Yabiladi le vice-président de l’AMDH, Abdelilah Benabdeslam.
«La grève de la faim n'est pas la bonne méthode»
Il faut dire que ces prisonniers espagnols ont pris le soin d’annoncer leur grève de la faim la semaine dernière, alors que le DanielGate faisait encore la une de l’actualité. «Nous leur avons expliqué que c’est leur droit de revendiquer, mais que la grève de la faim n’était pas un bon moyen. Ils peuvent procéder autrement, notamment en écrivant des requêtes au consulat ou à d’autres organismes», confie à Yabiladi une source à la prison locale de Tétouan, requérant l’anonymat. «La semaine dernière, le consul est venu ici, il a parlé avec eux, mais ils ne veulent rien entendre», ajoute la même source.
A l’heure où nous publions cet article, ni le consulat d’Espagne à Tétouan, ni l’Ambassade à Rabat, n’avaient répondu à nos questions. Les 10 prisonniers entendent continuer leur grève jusqu’à ce que les autorités leur viennent en aide.