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Grand Angle

Gibraltar : Retour sur une crise politique qui entraine avec elle Ceuta et Melilla

La crise diplomatique qui oppose depuis peu l’Espagne et le Royaume-Uni au sujet de Gibraltar remet au goût du jour la vieille question de la marocanité de Sebta et Melilla. Nombreux sont ceux qui, sur les réseaux sociaux, jugent les deux situations identiques. Madrid défend, avec un argument en particulier qui confirme les analyses de certains politogues marocains. Explications. 

Publié
David Cameron et Mariano Rajoy / DR
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Depuis quelques temps, la tension est très forte dans les relations entre l’Espagne et la Grande Bretagne. Pour cause, Londres n’approuve pas la décision du gouvernement espagnol d’instaurer un droit de péage de 50 euros à l’entrée et à la sortie de Gibraltar. Le gouvernement britannique a fait part de son désaccord, mais Madrid a refusé de fléchir. Mardi matin, l'ambassadeur britannique en Espagne a officiellement déposé une plainte pour demander des comptes aux autorités espagnoles, rapporte Le Monde.

Même si les deux gouvernements semblent à présent avoir trouvé un consensus après un entretien téléphonique mercredi entre Mariano Rajoy et David Cameron, la bombe suscitée après les premiers échanges a eu le temps au passage de réveiller les vieux démons. Il s’agit entre autres, de la volonté espagnole depuis quelques années de récupérer Gibraltar qu’elle a cédé à la Grande Bretagne en 1713 aux termes du Traité d’Utrecht. Mais naturellement, Londres s’y oppose, avançant que la population locale n’est pas favorable à cette mesure.

Selon le site d’information ibère El Faro, le sujet a pris une telle ampleur sur les réseaux sociaux, que plusieurs voix se sont élevées, demandant pourquoi si l’Espagne revendique autant le territoire de Gilbraltar, ne rend-t-elle pas au Maroc les enclaves de Sebta et Melilia.

Quand il en eût l’occasion en 1961, «le Maroc ne fit rien pour essayer d’inclure Sebta et Melilia dans son terroire»

Ces allégations sont très mal tombées aux oreilles des autorités des villes autonomes, lesquelles n’ont pas tardé à réagir. Sur sa page Facebook, le président de la Ville de Melilia, Juan José Imbroda a publié un argumentaire pointu sur la question. «Vous ne pouvez pas comparer la situation de Gibraltar à Sebta et Melilla», a-t-il affirmé. estimant que Le Rocher est une colonie reconnue à la fois par l’Espagne et la Grande Bretagne, ce qui est différent des deux autres villes autonomes.

D’après lui, Sebta et Melilia sont espagnoles «depuis 1497, longtemps avant que le Maroc n’existe en tant que nation» et tous les natifs de ces villes «ont toujours été des Espagnols». Mais il s'arrête pas là. Le président de Melilia estime que si l’on pouvait même parler de marocanité de Sebta et Melilia, «le Maroc ne fit rien pour les inclure dans son territoire, lorsque l’ONU créa le comité spécial de la décolonisation [en 1961, ndlr]». Et c’est sur cette note que Juan José Imbroga a terminé son argumentaire.

Si le Maroc n’a rien fait en 1961 et qu’aujourd’hui il attend encore «de meilleures jours» pour discuter du sujet avec l’Espagne, comme l’affirmait en juin 2012, le président de la Chambre de Conseillers, Mohamed Cheikh Biadillah, cela ne voudrait-il pas dire que Rabat n’a en réalité jamais rien fait de concret pour récupérer ses présides ? Le politologue marocain Mohamed Darif l’a réitéré à plusieurs reprises : Le Maroc «a toujours évité d'aborder le problème de manière sérieuse».

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