Le prêche de la prière de ce vendredi 19 avril restera dans les annales. Il marquera sûrement un avant et un après. En présence du roi Mohammed VI, l’imam de la mosquée Ohoud de Safi a consacré presque la totalité de son «sermon» à la liberté de conscience en Islam. Balayant d’un revers de main nombre d’avis sur cette épineuse question, au point de souligner qu’ «elle est la base de toutes les libertés dans la religion musulmane».
Pour appuyer sa thèse, le religieux n’a pas hésité à se référer à des versets du Coran, tel «Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement» (sourate 2, verset 256), ou «Et si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens jusqu’à ce qu’ils deviennent croyants ?», ( sourate 10, verset 99). Bien évidemment, l’imam a tenu à préciser que l’institution de la Commanderie des croyants, c’est-à-dire le roi Mohammed VI, est la seule autorité habilitée à réguler cette liberté de conscience afin d’éviter toute «dérive» porteuse d’ «instabilité à la Oumma».
Nouvelle approche de la monarchie
En présence du roi et du ministre des Affaires islamiques, ce prêche qui a bousculé bien des fondements est tout sauf une initiative individuelle émanant de l’imam de la mosquée d’Ohoud de Safi, mais il traduit bel et bien une nouvelle approche de la monarchie en cours d’élaboration sur le thème de libertés de conscience. Serait-il une manière de réparer le tort causé par une fatwa du Conseil supérieur des Oulémas sur l’apostasie, suite à une sollicitation de la Délégation ministérielle des droits de l’Homme? Même si le département a démenti, la page 285 du livre blanc de ce même conseil intitulé «Les Fatwas de l’instance scientifique chargée des Fatwas» est là pour contredire les allégations de El Mahjoub El Hiba.
Le prêche de ce vendredi n’est que le prélude
Ce prêche de ce vendredi n’est en effet que le prélude à une série de révision de certains principes qui ont longtemps résisté aux assauts de la modernisation. A cet égard, le conseil supérieur des oulémas s’apprête dans les prochains jours à émettre des Fatwas sur l’héritage, le divorce de la femme et la polygamie. Sur le premier point, les oulémas, sauf coup de théâtre, s’achemineront vers la parité entre l’homme et la femme. L’instance chargée des Fatwas a terminé aujourd’hui des réunions qui ont duré trois jours à Rabat. Ces révisions sont dictées par le souci de se conformer à la Convention de l'ONU sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes de 1979.