Près d'un mois et demi après sa tentative de suicide, que devient Nassima ? La jeune femme de ménage est à présent prise en charge par la Ligue Démocratique des droits des femmes, dans l’un de ses centres d’accueil à Casablanca. «Elle va mieux. Elle a retiré son plâtre. Elle marche. On l’emmène régulièrement faire des visites à l’hôpital. Cependant, c’est au niveau psychologique qu’elle va moins bien. Elle reste très vulnérable et n’est pas encore hors de danger. Il y a toujours un risque de récidive de suicide», explique Fouzia Assouli, présidente de la Ligue Démocrate des droits des femmes. Nassima est suivie par un psychologue pour lui redonner confiance en elle et une estime d’elle-même.
Communication difficile avec ses parents
Le personnel de l’association essaie également de renouer le dialogue entre la jeune femme et ses parents. Une tache qui n’est pas facile car Nassima montre des réticences à communiquer avec ses parents. Depuis ses 14 ans, au lieu de l'envoyer à l’école, ses parents l'ont placée comme femme de ménage chez des familles à Marrakech et Casablanca. Le petit salaire qu’elle touchait allait directement dans le porte monnaie de ses parents.
Sans oublier qu’elle a été également victime de viol en 2010. Le drame l'avait alors poussée à s’ouvrir les veines pour tenter de mettre fin à ses jours, une première fois. «On essaie de travailler avec ses parents pour qu’ils assument aussi leur responsabilité envers elle. Ca demande beaucoup de travail mais sa mère, en particulier, semble touchée et préoccupée par l’état de sa fille», précise Fouzia Assouli.
Un fardeau à porter
Malgré les efforts que fournit l’association pour tenter de redonner goût à la vie à Nassima, Fouzia Assouli ne cache pas la difficulté de prendre en charge la jeune femme. «C’est un lourd fardeau pour nous ! Ce n’est pas à nous de la prendre en charge mais bien à l’Etat. Mais nous ne pouvions pas la laisser à la rue», lâche-t-elle déplorant l’absence de centres psychiatriques au Maroc qui pourraient prendre en charge le cas de jeunes tentant de se suicider.
Elle rappelle que l’objectif premier de son association est de prendre en charge les femmes victimes de violences conjugales. Elle a fait part de ce problème à plusieurs parlementaires mais aucun ne lui a fait de retour. A l’heure actuelle, Nassima va encore rester au sein du centre pour un bout de temps. Son retour auprès des siens n’est pas encore d’actualité.