La Fondation Brigitte Bardot s’inquiète du sort des chiens marocains dits dangereux, dans un communiqué, le 18 février. Elle se joint aux associations marocaines de la protection des animaux pour demander la révision de la loi 56-12, actuellement examinée et bientôt votée au Parlement marocain. Une loi qui prévoit l’abattage des chiens dangereux.
Aucune concertation avec les spécialistes canins
L’association déplore qu’aucune concertation n’ait été menée avec les professionnels du domaine, comprenant associations, vétérinaires ou encore éducateurs canins pour l’élaboration de la loi. «Cette loi concerne non seulement une catégorie de chiens taxés de dangereux par rapport à des critères physiques et non de vécus ou d’éducation, sans preuve apportée d’antécédents de morsures ou d’agressivité», dénonce la Fondation.
«Mais elle traite aussi de tous les chiens, du plus petit au plus gros, avec une vision peu réaliste des applications concrètes d’une telle loi», poursuit-elle. La Fondation craint que les propriétaires de chiens dangereux qui en prennent soin, finissent, de peur de se les voir confisquer et tuer, par les abandonner dans la rue et que ces chiens deviennent agressifs, à partir de là.
Attaques de chiens dangereux
De son côté, si le gouvernement tient à cette loi, c’est pour assurer la sécurité des Marocains contre les chiens errants. Elle vise également à éradiquer du pays certaines races de chiens, parmi lesquelles le pitbull, rappelle l’AFP. Un projet de loi pour éviter les attaques de ces chiens. En 2008, une petite fille, en train de jouer dans la rue, a été attaquée par un pitbull. En janvier dernier, l’Economiste rappelait que 50 000 morsures de chiens sont dénombrées chaque année au Maroc et que les décès dus à la rage canine se sont multipliés.
«Ce ne sont pas les chiens qui sont dangereux mais bien leurs maîtres qui leur apprennent à devenir agressifs. Ce sont eux qui font souffrir les animaux !», lâche Hanane Abdelmouttalib, présidente et fondatrice de l’association «Hanane pour la protection des animaux et de l’environnement». «Parfois, j’ai des gens qui me demandent pourquoi je m’occupe de chiens et de chats alors que des gens n’ont pas de quoi manger au Maroc. Mais, moi, je leur réponds que les animaux aussi sont des êtres de Dieu qu’il faut protéger», tient-elle à souligner.
Les associations n’ont pas de moyens financiers
Pour elle aussi, cette loi a du mal à passer. Hanane Abdelmouttalib passe la majorité de ses journées à sillonner les rues de Casablanca pour récupérer les chiens errants afin de leur éviter d’être euthanasiés par les services communaux de la fourrière. Elle les emmène ensuite dans le refuge de l’association où elle les vaccine, les castre, les stérilise et tente de les rééduquer.
«Pourquoi vouloir tuer les chiens ? Ce n’est pas le chien qui doit payer mais bien son maître. Il ne faut pas oublier que certaines personnes éduquent leur chien de manière agressive afin de leur faire faire des combats», ajoute-t-elle. Elle ne cache pas son désir de voir également l’apparition d’une loi qui puisse condamner les gens maltraitant leur animal domestique. «Parfois on m’appelle pour dénoncer la maltraitance d'un chien et lorsque je vais voir les policiers pour dénoncer son propriétaire, ils se moquent de moi. Ils me lancent «On travaille pour des citoyens, pas pour des animaux»», regrette-t-elle.
Malgré les efforts de Hanane pour protéger les chiens errants à Casablanca, elle souhaiterait voir plus d’associations comme la sienne au Maroc pour prendre en charge ces chiens en danger. Elle avoue toutefois qu'il faut des moyens financiers pour accueillir, vacciner ou castrer ces animaux. Son association ne reçoit aucune subvention du gouvernement pour son travail. «Le seul soutien financier que je reçois vient des associations de protection des animaux qui m’envoient de l’argent», explique-t-elle. L’une d’elle est d’ailleurs la Fondation Brigitte Bardot qui vient de lui verser une somme de 30 000 dirhams pour s’occuper des chiens errants.