Après quatre mois de silence, Benkirane répond, enfin, aux attaques de Hamid Chabat, le secrétaire général de l’Istiqlal. Samedi à Rabat, lors d’une réunion avec l’association des élus du PJD, le chef de l’exécutif a accusé, implicitement, son «allié» istiqlalien, de vouloir faire tomber le gouvernement. Sur un ton de défi, mais toujours au style indirect, il a affirmé que «le PJD ne se soumettra ni à la pression ni au chantage et n’a pas peur car il a accédé à la présidence du gouvernement avec mérite. Et si on parvenait à la lui retirer par des manœuvres quelconques, il ne s’en soucierait point».
Des propos qui en disent long sur les relations très tendues entre les deux grands partis et surtout qu’elles ont le mérite de lever le voile sur ce qui se prépare en coulisses. Ces déclarations laissent entendre que Benkirane en est, d’ailleurs, parfaitement conscient. Vendredi, un haut responsable istiqlalien nous confiait, en off, que le PJD est à la primature grâce au soutien du PI, précisant que son parti est déterminé à rester au gouvernement et prêt à former une autre coalition sans les islamistes de la Lampe.
Le Palais est appelé à jouer les arbitres
Dans un effort pédagogique (Benkirane est un ancien enseignant, ndlr) de préparer les siens au pire y compris à un retour dans les rangs de l’opposition, Benkirane a déclaré que «si le roi me demande de quitter mon poste, je le ferai. Mais politiquement, je suis toujours avec Sa majesté, que ce soit au gouvernement comme à l’opposition». Depuis sa désignation, fin novembre 2011 à la suite de la victoire de son parti aux législatives anticipées du même mois, le secrétaire général du PJD a toujours clamé haut et fort son loyalisme à la monarchie.
Aux critiques qui l’accusaient de faire des concessions au monarque, Benkirane répondait, toujours, par cette phrase «je ne vais pas me disputer avec le roi». Même au moment de hautes tensions avec les conseillers du souverain, le chef du gouvernement a toujours veillé à ce que sa relation avec Mohammed VI soit bonne et à l’abri des problèmes qu’il a eu avec l’entourage royal. Cette tactique de Benkirane sera-t-elle salutaire pour lui au point de lui assurer de terminer son mandat jusqu'à son terme, en 2016?
Dans tous les cas, Hamid Chabat ne semble nullement disposé à signer une trêve avec le secrétaire général du PJD. Hier, sur Al Oula, il a souligné que le gouvernement n'a joué aucun rôle dans la conclusion des pactes sociaux entre le patronat et les syndicats. La guerre entre les deux hommes se poursuit.