Un septième ressortissant marocain parmi ceux séquestrés par des organisations de trafic d’êtres humains, dans la zone frontalière entre le Myanmar et la Thaïlande, a pu retrouver la liberté, selon la coordination des familles des nationaux captifs. Dans une lettre ouverte au ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidents à l’étranger, Nasser Bourita, la structure a appelé, mercredi 29 mai, à une intervention urgente pour obtenir la libération des autres concitoyens enfermés depuis plusieurs mois. L’un d’eux, Youssef, a été remis en liberté moyennant une rançon de près de 80 000 dirhams, a fait savoir sa sœur Zahra.
Témoignant auprès de la chaîne saoudienne Al Hadath TV, la jeune femme a expliqué que son frère avait été conduit vers la Thaïlande, le temps de finaliser les procédures administratives nécessaires au rapatriement vers le Maroc. Selon elle, le processus reste cependant aléatoire et au cas par cas, comme l’illustrent les promesses non tenues à «cinq autres otages» concernant leur libération. Celle-ci n’a finalement pas été rendue possible, malgré le versement des rançons exigées aux proches. De leur côté, quelques victimes réussissent miraculeusement à fuir du camp, décrit comme plusieurs comme un lieu d’exploitation et de torture à ciel ouvert, où des milices de mafias chinoises opèrent impunément.
La correspondance au chef de la diplomatie marocaine a été diffusée alors que ce dernier a justement effectué une visite en Chine, où il s’est entretenu avec son homologue Wang Yi, à Pékin. Dans ce contexte, les familles ont appelé Nasser Bourita à aborder le sujet avec ses partenaires chinois, surtout que les efforts des proches restent limités dans le cadre de la coordination avec «des organisations humanitaires internationales de lutte contre le trafic des êtres humains en Thaïlande et au Myanmar».
Dans ce même contexte, les familles au Maroc ont précédemment tenu deux sit-in, respectivement devant le ministère des Affaires étrangères et devant l’ambassade de Chine. De son côté, la représentation de la Thaïlande dans le royaume a affirmé que son gouvernement était «disposé à coopérer» avec ses homologues «de tous les pays dont les ressortissants sont retenus par ces réseaux».
Des négociations difficiles pour sortir les otages sains et saufs
Le 15 mai dernier, l’ambassadeur du Maroc en Thaïlande, Abderrahim Rahhaly, a assuré que sa mission diplomatique suivait de très près la situation des nationaux, tout en multipliant les démarches pour leur venir en aide. Par la même occasion, le diplomate a rappelé auprès de l’agence MAP que les concitoyens retenus faisaient partie de «plusieurs milliers de personnes de toutes nationalités, notamment de pays africains, asiatiques et européens», confrontés au même sort.
A ce titre, Rahhaly a assuré que l’ambassade du Maroc à Bangkok était «en contact quotidien avec les autorités thaïes notamment, afin de suivre la situation et recueillir toute information concernant les citoyens marocains concernés». Par ailleurs, il reste primordial d’«entourer ces démarches de toutes les précautions nécessaires, afin de ne pas compromettre la sécurité de nos ressortissants ou les exposer à des représailles», a-t-il insisté.
Le jour-même, le Procureur général du roi près la Cour d’appel de Casablanca a ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire, confiée à la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ). Regroupant 20 associations de la société civile, la Coalition marocaine des organisations de droits humains a par ailleurs adressé une lettre ouverte à différents organes gouvernementaux et institutions nationales, pour alerter sur la situation.
Datée du 21 mai, cette correspondance est destinée au chef de la diplomatie marocaine, au Délégué interministériel des droits de l’Homme (DIDH), à la présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), au président du Ministère public, ainsi qu’à la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN).
Les témoignages indiquent que les victimes auraient été arnaquées par de fausses offres d’emploi dans le e-commerce en Thaïlande, avec une promesse de rémunérations élevées. Elles ont ensuite été conduites vers les zones des rebelles au Myanmar, pour travailler dans des centres d’appel opérant dans le cybercrime.