Une mission parlementaire officielle sur les chibanis a été lancée en France, mercredi 16 janvier. Leur objectif : réfléchir et trouver des solutions à la situation des vieux retraités maghrébins qui ont servi l’Hexagone et vivent parfois dans des conditions précaires, isolés de la société, avec de maigres pensions dont ils ne peuvent bénéficier hors des frontières françaises.
Facilité leur intégration
La mission, présidée par le député UMP Denis Jacquat et dont le rapporteur n’est autre que le socialiste Alexis Bachelay, est une initiative du président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone. Ce dernier «assure envisager que soit proposée dans le rapport final de la mission la possibilité d'accorder ‘automatiquement’ la nationalité française à toute personne qui pourrait justifier de vingt-cinq ans de présence en France», rapporte Le Monde. Pour M. Bartolone, faire des chibanis des Français, faciliterait leur «intégration».
Les épouses des chibanis bénéficieraient également de cette mesure. Selon une source au cabinet de Bartolone, les femmes représentent plus de 50% des immigrés âgés issues, selon une source au cabinet de M. Bartolone. Arrivées en France généralement dans la cadre du regroupement familial, ces femmes «se retrouvent totalement isolées et sans ressources» après le décès de leur maris, d’autant qu’elles ne s’expriment pas couramment en Français dans bien des cas, d’après la même source.
Une manière d’éviter le vrai problème ?
Les parlementaires prévoient également d’aborder la question de la «portabilité» des pensions des chibanis, de sorte à leur permettre d’en bénéficier, même s’ils rentrent chez eux. Pour le Groupe d’information de soutien aux immigrés [GISTI], cette question est la plus importante. La question de la nationalité ne ferait qu’alimenter un débat inutile, estime Ali El Baz, membre du bureau du GISTI. «Ces vieux n’ont pas besoin de la nationalité, ce n’est même pas ce à quoi ils pensent, affirme-t-il à Yabiladi. Ce qu’ils veulent c’est pouvoir bénéficier des prestations sociales même étant chez eux. C’est cela le plus important». Pour rappel, les chibanis sont actuellement obligé de résider en France pendant six mois pour bénéficier de leur minimum vieillesse. Pourtant, la plus part d’entre eux, étant fatigués et parfois malades, ils préfèrent souvent venir se reposer au Maroc et voyager occasionnellement en France, d’autant qu’ils y sont logés dans des chambres d’environ 7,5 m2. «Connaissant la qualité des soins au Maroc, certains veulent avoir la possibilité de venir en France au cas où la maladie est grave», soutient M. El Baz.
Pour ce militant associatif, vouloir débattre sur l’octroi de nationalité française aux chibanis et leurs épouses, c’est «éviter le vrai problème». En 2007, Jean Louis Borloo avait voté une loi permettant la «portabilité» des pensions des vieux retraités maghrébins, mais les décrets d’application tardent à être publiés. «Cela nécessite du courage politique «et je ne crois pas que ce gouvernement, tout comme le précédent, l’ait», estime M. El Baz. Qoui qu'il en soit, si à la fin de ses travaux, la mission parlemetaire propose effectivement la nationalité automatique et la portabilité des prestations sociales aux chibanis, l'on s'attend à un lourd débat politique.