Le journaliste Rachid M’barki a fait l’objet d’une mise en examen, en France, pour abus de confiance et corruption privée passive. Soupçonné d’ingérence par son ancien employeur, BFMTV, il est visé par cette procédure depuis le 8 décembre 2023, a rapporté l’AFP, mardi, citant une source judiciaire. La veille de cette annonce, le présentateur franco-marocain a indiqué avoir rejoint la rédaction d’Atlantic Radio à Casablanca, au Maroc. L’information judiciaire est fondée sur une plainte de la chaîne française, ainsi que sur les révélations d’une enquête de Forbidden Stories, pointant un lien entre certains contenus diffusés par l’animateur sans validation préalable et les activités de Team Jorge, une entreprise israélienne de désinformation dirigée par des anciens de l’armée et des services secrets de l’Etat hébreu. Les contenus épinglés par BFMTV portent notamment sur le Sahara, sur le Qatar, sur le Soudan ou encore sur la Russie.
Dans le temps, le journaliste a nié tout financement et toute relation avec l’agence, mais il a reconnu avoir été en contact avec une source, le lobbyiste Jean-Pierre Duthion, sans connaître les rapports de ce dernier avec Team Jorge. Sur le volet judiciaire, l’AFP fait savoir que l’enquête a été confiée à des magistrats instructeurs depuis octobre dernier, notamment pour trafic d’influence d’agent public et blanchiment de fraude fiscale aggravée, entre autres. Les contenus diffusés sur BFMTV dans ce cadre auraient été «fournis clé en main, pour le compte de clients étrangers», selon Forbidden Stories.
De son côté, le directeur général de BFMTV, Marc-Olivier Fogiel, a accusé Rachid M’barki de «s’arranger pour demander [des] images en dernière minute» et illustrer des brèves, «une fois que le rédacteur en chef était pris sur une autre tranche et avait validé l’ensemble de son journal». Lors de son audition en mars dernier par une commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, il a indiqué que Jean-Pierre Duthion avait «essayé de contacter d’autres journalistes de BFMTV après le départ de Rachid M’Barki (...) pour leur proposer d’autres types d’informations, entre guillemets, qui n’ont pas retenu leur intérêt». Selon lui, l’un d’eux se serait vu proposer une «rétribution».
Dans ce contexte, le journaliste a déploré ce qui est devenu un «lynchage médiatique» et une «calomnie pure». Jean-Pierre Duthion et le spécialiste du Qatar Nabil Ennasri ont quant à eux été mis en examen en octobre, le second ayant été soupçonné de versements d’argent au premier.