En compétition officielle de la 20e édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM 2023), le documentaire «Bye Bye Tiberias» de la réalisatrice franco-algéro-palestinienne Lina Soualem, ainsi que le long-métrage de fiction «Les Meutes» du réalisateur marocain Kamal Lazraq, ont remporté ex-æquo le Prix du jury, lequel a salué les deux œuvres pour leur processus créatif novateur, la force cinématographique de leurs images et de leurs récits. En clôture de cette édition anniversaire de la grand-messe du septième art dans la cité ocre, ce samedi 2 décembre au soir, les deux opus marocains en lice parmi 14 œuvres captivantes auront été primés, «La mère de tous les mensonges» (The Mother Of All Lies) d’Asmae El Moudir ayant remporté l’Etoile d’Or, une première pour le Maroc.
Recevant sa distinction sous les acclamations générales du public, Kamal Lazraq a exprimé ses remerciements au FIFM, au sein duquel le film a été accompagné dans le cadre des Ateliers de l’Atlas, programme industrie du festival. Le cinéaste a par ailleurs dédié son prix aux deux acteurs principaux qui ont fait la force de cette œuvre, Ayoub Elaid et Abdellatif Mastouri, soulignant leur implication dans l’interprétation sincère de leurs rôles, en tant qu’acteurs non professionnels qui se sont prêtés au tournage devant la caméra pour la première fois.
Prix du jury dans la section Un certain regard de la 76e édition du festival de Cannes (du 16 au 27 mai 2023), le premier long-métrage de Kamal Lazraq est une immersion dans une nuit mouvementée au cœur des rues de Casablanca. Il suit Hassan et Issam, père et fils, qui «tentent de survivre au jour le jour en enchaînant les petits trafics pour la pègre locale». «Un soir, un homme qu’ils devaient kidnapper meurt accidentellement dans leur voiture. Les deux hommes se retrouvent avec un cadavre à faire disparaître. Commence alors une longue nuit à travers les bas-fonds de la ville».
Mise en avant avec sa famille dans le documentaire de sa fille Lina Soualem, l’actrice palestinienne Hiam Abbass a pour sa part eu une pensée émue pour ses proches, notamment la réalisatrice, ainsi qu’aux programmateurs du FIFM qui ont accompagné cet opus depuis son développement, dans le cadre des Ateliers de l’Atlas. L’artiste a exprimé tout particulièrement sa gratitude «à tout le public marocain», qui a accueilli ce film avec une grande émotion, lors de sa première régionale dans le cadre de cette édition du festival.
Dans son message de remerciements, Lina Soualem a quant à elle salué l’ensemble des équipes du festival, tout en disant dédier ce documentaire et sa distinction «à tout le peuple palestinien», dans un contexte de guerre intensifiée sur la bande de Gaza. Dans ce long-métrage, la cinéaste porte à l’écran le récit très personnel de sa famille maternelle, à travers une histoire intime, imagée avec empathie et sans voyeurisme, recomposant les éléments d’un destin commun à toute une population, celle de la Palestine avec sa diaspora.
Lors de la clôture du 20e FIFM, le jury présidé par l’actrice américaine Jessica Chastain a dévoilé le palmarès issu des 14 films en lice. Le prix de la mise en scène est revenu à Ramata – Toulaye Sy pour son film «Banel & Adama» (Sénégal). Celui de l’interprétation féminine a été décerné à Asja Zara Lagumdzija, pour son rôle dans «Excursion» de Una Gunjak (Bosnie). Le prix d’interprétation masculine a été remporté par Doga Karakas, pour son rôle dans «Dormitory» de Nehir Tuna (Turquie).