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Grand Angle

Assu 2000 : Des responsables de la filiale au Maroc poursuivis pour traite d’êtres humains

Les accusés, dont deux femmes et deux ressortissants français, sont poursuivis pour «traite d’êtres humains entraînant une maladie mentale, participation à celle-ci, harcèlement sexuel et non signalement d’un crime», entre autres, dans le volet marocain de l’affaire Assu 2000. La première audience s’ouvre mardi devant la Chambre criminelle de première instance près la Cour d'appel de Tanger.

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Photo d'illustration. / DR
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La première audience de l’affaire impliquant l’ex-patron français Jacques Bouthier s’ouvre, ce mardi, devant la Chambre criminelle de première instance près la Cour d'appel de Tanger. Le juge d’instruction de la Cour d’appel de Tanger a ordonné la saisine de la Chambre criminelle, sur la base notamment du rapport d’enquête sur cette affaire, intentée par cinq Marocaines contre Jacques Bouthier, ancien directeur général du groupe français ASSU2000 (désormais Vilavi) ainsi que des responsables de la société.

Le juge d’instruction a décidé de poursuivre 7 accusés pour «traite d’êtres humains entraînant une maladie mentale», «participation à celle-ci», «harcèlement sexuel par un collègue et défaut de signalement d’un crime». Un huitième est poursuivi pour avoir «utilisé des promesses et des dons pour inciter d’autres personnes à faire de fausses déclarations», selon le rapport d’enquête consulté par Yabiladi, tandis que le 9e accusé est poursuivi pour «non-dénonciation d’un crime».

Un harcèlement systématique pour les nouvelles recrues

Les plaignants dans cette affaire ont été convoqués et entendus dans les dossiers judiciaires, tout comme 12 témoins, alors que des confrontations ont eu lieu entre les plaignantes et les accusés poursuivis au Maroc. L’une des plaignantes, Maryam A.B. a dit avoir subi «un harcèlement sexuel et une tentative d’attentat à la pudeur» de la part du principal accusé. Jacques Bouthier aurait, selon elle, profité de son pouvoir et de son influence sur elle, en collusion avec des responsables de l’entreprise. Elle a expliqué qu’en raison de son refus de répondre à ses avances, les responsables de l’entreprise auraient «commencé à resserrer l’étau sur elle, ce qui a eu un impact négatif sur sa productivité au travail, de sorte qu’elle a été licenciée de la société arbitrairement».

En plus de lui avoir demandé explicitement des relations sexuelles, une deuxième plaignante (Samira A.) a accusé son ex-patron de lui avoir suggéré de trouver «une remplaçante à sa place ou une collaboratrice» contre «un cadeau précieux». Elle a affirmé avoir informé ses responsables au travail mais qu’«aucun d’entre eux ne lui a fourni de soutien psychologique, de soutien ou d’intervention en son nom».

Ines P., la troisième plaignante, a révélé avoir été informée, lorsqu’elle avait passé une formation au sein de la compagnie, que Jacques Bouthier «venait parfois de France au siège de l’entreprise pour l’inspecter, salue tout le monde, en particulier les nouveaux employés, et quand l’une des recrues lui plaît, elle l’accompagne pour avoir des relations sexuelles avec lui». On lui aurait également précisé qu’«aucune fille n’a jamais refusé» cette exploitation.

Les autres plaignantes ont évoqué des épisodes similaires, pointant notamment l’une des accusées, à qui elles reprochent d'avoir joué l'intermédiaire pour faciliter la relation avec l'ex-patron, en plus de les avoir harcelées et posé des questions très embarrassantes, comme le fait d'être «vierges» ou d'accepter «des rapports sexuels» contre des avantages ou de l'argent. Elles ont déclaré avoir été «exploitées sexuellement et soumises à un chantage», car elles étaient menacées de licenciement de l’entreprise.

Témoins et accusés confirment les comportements de l'ex-patron

Pour leur part, certains témoins ayant travaillé à Assu 2000, ont confirmé être «au courant des actions du PDG Jacques Bouthier, qui profitait de toute occasion pour harceler sexuellement les employées qui répondaient à ses critères et les attirait afin de les exploiter sexuellement» et ce, avec le concours de certains responsables de l’entreprise. Des faits confirmés par presque tous les accusés.

Ainsi, Loubna H. a reconnu que l’ancien patron «attirait ses victimes -celles qui travaillaient dans les deux entreprises Assu 2000 et Euro Assurance» vers une maison d’hôtes ou des hôtels «dans le but d’avoir des relations sexuelles avec elles». Elle a confirmé que Jacques Bouthier exploitait aussi «les fêtes organisées par l’entreprise (…) pour harceler sexuellement les employées». Elle a toutefois nié «avoir préalablement attiré une employée de l’entreprise au profit» de l’ex-patron. Iman B.A., également poursuivie, a tenté pour sa part de blanchir Jacques Bouthier en réfutant les accusations portées à son encontre.

À la lumière des résultats de la procédure d’examen  préliminaire, le Procureur du Roi près du tribunal avait présenté ses demandes d’enquête contre l’ex-patron, demandant que les premier, deuxième, troisième, quatrième, cinquième et septième accusés soient incarcérés, que le neuvième accusé soit soumis à des mesures de contrôle judiciaire et que des mesures appropriées soient prises à l’encontre des sixième et huitième accusés.

Le 23 janvier dernier, le procureur général du Roi avait évoqué «l’existence d’un dénominateur commun entre les défendeurs», occupant des postes de responsabilité au sein de l’entreprise, en insistant sur «leur autorité sur les victimes, qui sont considérées comme de simples employés ordinaires affiliés à eux». Il a ajouté que les accusés ont admis avoir été «au courant du licenciement des victimes de l’entreprise» et «des comportements contraires à l’éthique pratiqués par l’ancien PDG du groupe, Jacques Bouthier, envers les employées». Pour le procureur, les accusés ont fermé l’œil sur ces pratiques, bien qu’il «s’agissait d’actes criminels qui nécessitaient d’être signalés aux autorités et d’assurer la protection des victimes».

Iwa Bezzaf
Date : le 07 mars 2023 à 09h21
La justice française se montre intransigeante et insistante sur des faits reprochés aux marocains de France et cela questionne le Maroc sur l'impunité de faits graves commis par des ressortissants français au Maroc. Tant mieux pour les deux pays . Comme ce PDG d'une filiale d'une grande banque française ayant pignon sur rue au Maroc, qui dans les années 2000 avait aménagé au 6 ème étage son penthouse qui lui servait de bureau pour "s'entretenir" avec certaines dames qui travaillaient au siège de la banque. Sa nationalité et son poste lui ont valu toutes les protections possibles et imaginables et ce malgré les dénonciations et les témoignages. J'espère que cette action n'est pas que la réponse de la bérgère au bergeron mais s'inscrit dans une volonté de ne tolérer aucun comportement délictueux surtout par ceux commis par des personnes étrangères qui se sentiraient au dessus de la loi marocaine.
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