Parallèlement aux révélations faites par la presse italienne et belge sur le réseau pro-Maroc opérant au Parlement européen, des médias algériens ou proches de l’Algérie ont choisi de ressusciter «Chris Coleman», disparu des radars de l'actualité il y a plus de sept années. Des documents confidentiels du ministère marocain des Affaires étrangères, publiés tout au long de l’année 2014 par le hacker en plein crise des relations maroco-françaises sous la présidence de François Hollande, sont exhumés pour servir de preuves aux accusations portées depuis deux semaines contre le royaume de soudoyer des eurodéputés.
Il s'agit notamment de la campagne faite autour du «Plan d’action pour le Parlement européen», datant du janvier 2013, élaboré par l’ambassadeur du Maroc auprès de l’Union européen, feu Menouar Alem, décédé en août 2017 à Casablanca, et destiné à l’intention de ses supérieurs hiérarchiques à Rabat. La même source a actualisé, ce lundi 26 décembre, un autre document, signé le 22 juillet 2011 par le ministère marocain de l’Intérieur, portant sur des factures de paiements à un média francophone, basé à Paris, traditionnellement taxé par l'Algérie d'être à la solde du Maroc.
Un média algérien a choisi aussi d'apporter sa contribution, en puisant dans les archives de «Chris Coleman» pour pointer du doigt «l’achat d’un journaliste américain» par le Maroc pour «calomnier» l’Algérie. Le reporter en question n'avait pas, dans ses articles, tari d’éloges en 2012 sur la réaction du roi Mohammed VI après la vague du Printemps arabe de 2011, «moyennant» la modique somme de 20 000 dollars. En août de la même année, il critiquait dans un édito l’acharnement de la présidente du Centre Robert Kennedy des droits de l’Homme, Kerry Kennedy, sur le royaume. En 2014, il saluait l'initiative marocaine d'autonomie au Sahara occidental, présentée en 2007 au Conseil de sécurité.
L’opération «Chris Coleman» avait permis, en 2014, la diffusion à une large échelle de documents confidentiels de la diplomatie marocaine. Elle avait pris fin au début de 2015, dans le sillage de la normalisation des relations entre Rabat et Paris.