A situation d’exception, configuration d’exception. Avec la sortie de la crise sanitaire liée à la Covid-19, les hommes consacrent ainsi moins de temps à la participation aux travaux domestiques, par rapport à la période de confinement. Les femmes, elles, réinvestissent le temps habituel à ces activités, comme avant la pandémie, selon une note d’information du Haut-commissariat au plan (HCP), qui s’est intéressé aux rapports sociaux intrafamiliaux et à la situation par rapport à l’avant- pandémie.
Selon cette note, parvenue mardi à Yabiladi, les femmes consacrent plus du 1/6 de leur journée aux tâches ménagères, soit six fois plus que les hommes. «Les femmes y consacrent 4h17 min contre 38 min pour les hommes, et les citadines 4h04 min contre 4h43 min par les rurales», indique la note. Plus en détails, la durée moyenne des travaux ménagers à l’intérieur du domicile (cuisine, vaisselle, linge…) est de 2h par jour, soit 3h51min pour les femmes et 05 min pour les hommes.
Les tâches intérieures pour les femmes et celles extérieures pour les hommes
La catégorie sociale des femmes définit la différence du temps consacré à ces tâches à domiciles. Ainsi, il est de 4h36 min pour celles au foyer contre 3h17 min pour celles actives à l’extérieur, et de 4h45 min pour les femmes mariées contre 2h52 min pour les célibataires.
Selon le HCP, la moyenne du temps affecté à ces tâches a baissé de 37 min (36 min pour les femmes et 40 min pour les hommes), comparée à celle enregistrée pendant la période de confinement. Cette note apprend aussi que «la part des femmes impliquées dans les travaux ménagers est de 92% contre 24% des hommes au niveau national, 26% en milieu urbain et 22% en milieu rural». Celle des hommes a reculé de «près de la moitié en comparaison avec la période de confinement, soit 45% au niveau national, 49% en milieu urbain et 37% en milieu rural».
Quant au temps consacré aux travaux ménagers à l’extérieur du domicile, entre courses, paiement de factures, affaires administratives, approvisionnement en eau et en bois, il est en moyenne de 30 min par jour (33 min pour les hommes et 26 min pour les femmes). Ce temps est de 24 min pour les femmes citadines et de 34 min pour celles en emploi. Le HCP fait savoir que ces activités sont exercées par les hommes (75%) plus que les femmes (45,8%). «Avec une proportion de 54,7%, les femmes citadines sont beaucoup plus impliquées, dans ces travaux, que celles résidant en milieu rural (28,1%) et les femmes actives occupées (65,4%) plus que les femmes au foyer (42,6%)», indique l’institution.
Les femmes consacrent plus de temps aux enfants
Dans un autre registre, le HCP fait savoir que «le temps moyen alloué à l’accompagnement scolaire des enfants du ménage de moins de 15 ans est de 06 min par jour (8 min en milieu urbain et 2 min en milieu rural)». Avec 27%, les femmes sont plus impliquées que les hommes (20%) et les citadins (29%) plus que les ruraux (14%). «Les personnes ayant un niveau d’études supérieur sont beaucoup plus nombreuses (54%) à exercer cette activité que celles ayant un niveau primaire ou collégial (24%), et y consacrent respectivement une durée moyenne de 15 min par jour (19 min pour les femmes contre 11 min pour les hommes) contre 06 min (09 min par les femmes contre 03 min par les hommes)», ajoute-t-on.
Par ailleurs, ce temps a «reculé de plus de 3 fois par rapport au temps journalier moyen accordé à cette activité pendant le confinement (25 min pour les femmes et 16 min pour les hommes)». Le temps réservé à l’accompagnement scolaire des enfants avant la pandémie n’a pas significativement changé pour près de 87% des personnes concernées, indique la note. Ainsi, 4,2% y consacrent plus de temps, 4,9% moins.
Quant aux soins apportés aux enfants, les femmes (24 min) y consacrent cinq fois plus de temps que les hommes (4 min). Pour autant, «l’engagement de la femme au marché de travail réduit ce temps en comparaison avec la femme au foyer, respectivement 19 min contre 31 min». Ainsi, «prendre soin des enfants du ménage de moins de 15 ans (les besoins physiologiques, la garde, les jeux, etc.) est beaucoup plus l’affaire des femmes (72%) que des hommes (53%), des femmes au foyer (77%) plus que celles en emploi (69%)», ajoute la même source.
De ce fait, l’institution constate que les travaux domestiques (travaux ménagers à l’intérieur et à l’extérieur du domicile et les soins apportés aux enfants et aux personnes âgées et/ou dépendantes) sont «principalement à la charge de la conjointe selon 75% des hommes et 79% des femmes ou sont délégués aux femmes ou/et aux filles du ménage autres que la conjointe selon 13,7% des hommes et 11,3% des femmes». Ces tâches sont prises en charge par le conjoint selon 5% des hommes et 2,6% des femmes.
Le partage équitable n’est pas assez instauré
Les données du HCP montrent que le partage équitable des tâches ménagères entre les conjoints au sein du couple est respecté par 5,6% des hommes et 3,5% des femmes. Ce taux est «nettement plus élevé parmi les plus instruits (13,8% selon les hommes et 9,6% selon les femmes)».
Par ailleurs, «l’appropriation des tâches ménagères est un peu plus atténuée par les femmes actives occupées (73% contre 82% des femmes au foyer), les plus âgées (72%) et les femmes ayant un niveau scolaire supérieur (72,3%)». Ceci dit, cette situation d’inégalité est «acceptée par les deux partenaires du couple et satisfait plus de 95% d’entre eux (87% des hommes et 85% des femmes sont satisfaits et respectivement 11% et 12% sont moyennement satisfaits)».
Ces données ont été rassemblées dans le cadre du programme du HCP pour le suivi et d’évaluation des implications socio-économiques de la pandémie. La thématique du partage des tâches a été notamment abordée lors du troisième panel réalisé par le HCP, du 11 octobre 2021 au 10 février 2022, avec l’appui du système des Nations unies au Maroc. Il a été réalisé auprès d’un échantillon de 12 000 ménages, pour «appréhender les effets de la pandémie sur les inégalités socio-économiques, le comportement de résilience des ménages à en faire face et les perceptions des citoyens de l’évolution de leur vécu».