Depuis le tweet de son nouveau président sur le retrait de la reconnaissance de la «République arabe sahraouie démocratique (RASD)», les rebondissements ne cessent de se multiplier s’agissant de la position du Kenya sur la question du Sahara. Face au silence de William Ruto, son vice-président Rigathi Gachagua a confirmé, dimanche, la position du pays exprimée par une note du secrétaire général du ministère kenyan des Affaires étrangères Macharia Kamau. Un épisode qui rappelle le rétropédalage de Ruto, alors vice-président, sur le dossier du Sahara.
Dans sa note, Macharia Kamau a affirmé que «la position du Kenya concernant la République arabe sahraouie démocratique est pleinement alignée sur la décision de l'Organisation de l'unité africaine (ancien nom de l'Union africaine) d'admettre la RASD en tant que membre le 22 août 1982 et sur la Charte de l'Union africaine». «Le Kenya ne mène pas sa politique étrangère sur Twitter ou sur toute autre plate-forme de médias sociaux, mais plutôt par le biais de documents et de cadres officiels du gouvernement», a-t-il ajouté comme un pied de nez au président.
Des «manœuvres de l’ancien régime»
Selon une source diplomatique marocaine bien informée, «la technostructure» au Kenya reste «fidèle» à l’ancien président, alors que William Ruto vient à peine de prendre les rênes du pays. Elle rappelle que le nouveau gouvernement au Kenya n’a pas encore été formé et le pays ne dispose pas encore, de ce fait, de chef de la diplomatie.
Quant à la sortie du secrétaire général du ministre kenyan des Affaires étrangères, notre source souligne qu’il est «nommé par l'ancien Président et va quitter son poste dans quelques jours». «La position du Kenya est celle du Président», insiste-t-elle, malgré le fait que ce dernier à lui-même supprimé son tweet où il annonce la révision de la position du Kenya. «Ils ont essayé Odinga et évoquent maintenant une lettre du secrétaire général. Pourquoi cela ne viejt pas du Président ?» s’interroge notre source, pointant du doigt des «manœuvres de l’ancien régime».
Avec son silence gênant, le nouveau président kenyan semble avoir pêché par précipitation, car la décision de retirer la reconnaissance de la «RASD» doit d’abord passer devant le Parlement du pays, rapelle Odinga. C’est d’ailleurs la raison de la suppression de son tweet permettant ainsi à Macharia Kamau d’en rajouter une couche.
Tiraillements politiques et promesses électorales
Au Kenya, les prochaines semaines devraient être tendues. Le nouveau président a, en effet, besoin des engrais phosphatés de l’Office chérifien des phosphates (OCP) pour appliquer sa promesse de campagne d’«engrais à bas prix pour diminuer l’inflation des produits alimentaires». Dans son discours d'investiture, William Ruto s’est même engagé publiquement à réduire les prix des engrais. «Les prix élevés des engrais sont l'une des principales raisons pour lesquelles le coût de la nourriture est devenu inabordable», avait-il déclaré au cours de sa campagne pour la présidence, promettant de réduire les prix «une fois élu».
Le coût de la vie étant un enjeu politique vital au Kenya, le vice-président, Rigathi Gachagua a rassuré à nouveau les Kenyans, ce lundi, sur la détermination du gouvernement de baisser ce coût.
Did you expect us to bring down the cost of living in 5 days? - Rigathi Gachagua pic.twitter.com/M8u8sGrRv1
— Kenyans.co.ke (@Kenyans) September 19, 2022
Le Maroc est le plus gros producteur d'engrais du continent. Le Kenya souhaite conclure avec le Royaume des accords à long terme dans l'espoir de voir les prix des engrais rester bas ou du moins stables. D'ailleurs, «les premiers 1,4 million de sacs d'engrais» importés par le Kenya proviendront du Maroc.
Le pays d’Afrique de l’Est, troisième exportateur mondial du thé, souhaite également renforcer sa place auprès du royaume, qui est le huitième importateur de cette matière.
Pour ce faire, commerce et politique étrangère doivent être alignés entre le Maroc et le Kenya. Toutefois, William Ruto doit avant tout lever les blocages politiques et administratifs et se débarrasser de l’héritage de l’ancien président Uhuru Kenyatta.