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Grand Angle

Les coulisses des atermoiements du Kenya sur la question du Sahara

Le Kenya semble être tiraillé entre la volonté de son nouveau président de consolider les relations politiques et économiques avec le Maroc et les vestiges de l’ancien régime qui tiennent encore à la reconnaissance de la «RASD».

Publié
Le président kenyan William Ruto, le 17 août 2022 à Nairobi. / Ph. Monicah Mwangi – Reuters
Temps de lecture: 3'

Depuis le tweet de son nouveau président sur le retrait de la reconnaissance de la «République arabe sahraouie démocratique (RASD)», les rebondissements ne cessent de se multiplier s’agissant de la position du Kenya sur la question du Sahara. Face au silence de William Ruto, son vice-président Rigathi Gachagua a confirmé, dimanche, la position du pays exprimée par une note du secrétaire général du ministère kenyan des Affaires étrangères Macharia Kamau. Un épisode qui rappelle le rétropédalage de Ruto, alors vice-président, sur le dossier du Sahara.

Dans sa note, Macharia Kamau a affirmé que «la position du Kenya concernant la République arabe sahraouie démocratique est pleinement alignée sur la décision de l'Organisation de l'unité africaine (ancien nom de l'Union africaine) d'admettre la RASD en tant que membre le 22 août 1982 et sur la Charte de l'Union africaine». «Le Kenya ne mène pas sa politique étrangère sur Twitter ou sur toute autre plate-forme de médias sociaux, mais plutôt par le biais de documents et de cadres officiels du gouvernement», a-t-il ajouté comme un pied de nez au président. 

Des «manœuvres de l’ancien régime»

Selon une source diplomatique marocaine bien informée, «la technostructure» au Kenya reste «fidèle» à l’ancien président, alors que William Ruto vient à peine de prendre les rênes du pays. Elle rappelle que le nouveau gouvernement au Kenya n’a pas encore été formé et le pays ne dispose pas encore, de ce fait, de chef de la diplomatie.

Quant à la sortie du secrétaire général du ministre kenyan des Affaires étrangères, notre source souligne qu’il est «nommé par l'ancien Président et va quitter son poste dans quelques jours». «La position du Kenya est celle du Président», insiste-t-elle, malgré le fait que ce dernier à lui-même supprimé son tweet où il annonce la révision de la position du Kenya. «Ils ont essayé Odinga et évoquent maintenant une lettre du secrétaire général. Pourquoi cela ne viejt pas du Président ?» s’interroge notre source, pointant du doigt des «manœuvres de l’ancien régime».

Avec son silence gênant, le nouveau président kenyan semble avoir pêché par précipitation, car la décision de retirer la reconnaissance de la «RASD» doit d’abord passer devant le Parlement du pays, rapelle Odinga. C’est d’ailleurs la raison de la suppression de son tweet permettant ainsi à Macharia Kamau d’en rajouter une couche.

Tiraillements politiques et promesses électorales

Au Kenya, les prochaines semaines devraient être tendues. Le nouveau président a, en effet, besoin des engrais phosphatés de l’Office chérifien des phosphates (OCP) pour appliquer sa promesse de campagne d’«engrais à bas prix pour diminuer l’inflation des produits alimentaires». Dans son discours d'investiture, William Ruto s’est même engagé publiquement à réduire les prix des engrais. «Les prix élevés des engrais sont l'une des principales raisons pour lesquelles le coût de la nourriture est devenu inabordable», avait-il déclaré au cours de sa campagne pour la présidence, promettant de réduire les prix «une fois élu».

Le coût de la vie étant un enjeu politique vital au Kenya, le vice-président, Rigathi Gachagua a rassuré à nouveau les Kenyans, ce lundi, sur la détermination du gouvernement de baisser ce coût.

Le Maroc est le plus gros producteur d'engrais du continent. Le Kenya souhaite conclure avec le Royaume des accords à long terme dans l'espoir de voir les prix des engrais rester bas ou du moins stables. D'ailleurs, «les premiers 1,4 million de sacs d'engrais» importés par le Kenya proviendront du Maroc. 

Le pays d’Afrique de l’Est, troisième exportateur mondial du thé, souhaite également renforcer sa place auprès du royaume, qui est le huitième importateur de cette matière.

Pour ce faire, commerce et politique étrangère doivent être alignés entre le Maroc et le Kenya. Toutefois, William Ruto doit avant tout lever les blocages politiques et administratifs et se débarrasser de l’héritage de l’ancien président Uhuru Kenyatta.

Article modifié le 19/09/2022 à 18h18

Soyez le premier à donner votre avis...
abdennahi
Date : le 20 septembre 2022 à 18h00
comme dit précédemment,il n est plus question du gaz qui n 'est pas de taille face aux engrais ,mais les apparatchiks de l 'ancien régime encore en poste dans l administration font un excès de pouvoir avant leur remplacement, mon instinct me dis que le coup de balai au ministère des affaires étrangère du Kenya va être radicale,ne resteront que les veilleurs de nuits et les réceptionnistes du ministère
Sakina2020
Date : le 19 septembre 2022 à 23h32
un lien interessant sur le pérou https://mobile.telquel.ma/instant-t/2022/09/19/lex-ministre-peruvien-des-ae-le-retrait-de-la-reconnaissance-de-la-rasd-etait-une-decision-du-president_1784824/
KOVACK73
Date : le 19 septembre 2022 à 20h26
Les engrais sont déjà envoyé...qu'il retourne sa veste ou pas...au moins cela sera au bénéfice de la population...il ne leur manquera que le gaz pour pét....
bouza75
Date : le 19 septembre 2022 à 20h24
voici un article très instructif du 360 sur la réalité des forces contraires en mouvement dans la diplomatie kényane en ce moment. Mais tout cela va très vite rentrer dans l'ordre, dés que le gouvernement nouveau sera nommé et entrera en fonction. Pour le moment, ce sont les anciens, pro Alger, qui jouent leur dernière carte, avant de plier bagages. On apprend par exemple que c'est ces anciens de l'ère kenyata, qui ont aussi invité benbatouche lors de l'investiture du nouveau président. Bref, Alger joue tire ses dernières cartouches dans ce pays, mais c'est peine perdue. A lire absolument! https://fr.le360.ma/politique/basses-manoeuvres-de-lalgerie-pour-polluer-la-decision-historique-du-kenya-sur-le-sahara-marocain-267149
bouza75
Date : le 19 septembre 2022 à 19h54
Patience et longueur de temps valent mieux que force et que rage. quoi qu'il en soit la messe est dite!
maroko59
Date : le 19 septembre 2022 à 19h53
tout s'explique finalement, le tweet et l'attitude du nouveau président...quand le nouveau gouvernement sera installé tout devrait rentrer dans l'ordre
maroko59
Date : le 19 septembre 2022 à 18h48
tout s'explique finalement, aussi bien la suppression du tweet que le silence de notre diplomatie, les choses devraient rentrer dans l'ordre une fois le nouveau gouvernement formé
HistoireH
Date : le 19 septembre 2022 à 17h45
Le nouveau président Kenyan est allé vite en besogne, mais, je ne suis pas inquiet, puisque la décision du retrait de la reconnaissance de la république polisarienne est déjà prise, reste juste la procédure et les formalités nécessaires pour l'appliquer, malgré les tentatives inutiles des algéro-sud-africains.
gustavo321
Date : le 19 septembre 2022 à 17h35
''Toutefois, William Ruto doit avant tout lever les blocages politiques et administratifs et se débarrasser de l’héritage de l’ancien président Uhuru Kenyatta.'' C'est exactement la teneur de mes propos sur ce même site il y a quelques heures ... Donnons au nouveau président le temps d'installer son pouvoir et ses marques au sein de l'administration kenyanne ... La volonté de M. Ruto de larguer l'héritage encombrant de l'ancienne administration sur la question du Sahara est d'autant plus lisible et évidente, que le potentiel des intérêts économiques et des échanges commerciaux entre Rabat et Nairobi est loin d'être négligeable. Pour le nouveau Kenya qui se profile, l'Algérie et ses manœuvres souterraines, c'est le passé. Le Maroc, c'est l'avenir ...
AL MASSIRA
Date : le 19 septembre 2022 à 17h30
On peut disserter tant qu'on veut sur ce qui se passe au Kenya. Si le Président avait une si grande faiblesse que ça, on l'aurait déjà su. ça fait des jours. Le Monde a changé et on assiste à une véritable bascule. Avant l'Afrique de l'Est et l'Afrique francophone fonctionnait à l'orientation politique révolutionnaire, communiste aidée par quelques mallettes de dollars, algériennes. Aujourd'hui les enjeux économiques ont tout changé. Deux points qui comptent. Les enjeux agricoles et les engrais. Et puis la coopération avec une économie émergente. Voyez-vous dans la crise entre l'Ethiopie et l'Egypte, le Maroc est sorti en bons termes avec les deux. Un seul perdant: Alger. Explication: les deux sont des économies émergentes et le Maroc également. Donc pour le Kenya c'est une bascule définitive. Pas d'espoir pour la junte et sa créature. Désolé. Point.
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