Pour la première dans l’histoire de l'Istiqlal, un fils du peuple arrache le très convoité poste de secrétaire général. Une consécration pour le parcours d’un homme qui a commencé comme un simple militant dans le bras syndical du PI, l'UGTM, avant de gravir les échelons un à un, profitant des querelles intestines entre les membres du clan dominant, la famille El Fassi et ses multiples gendres, mais surtout de la montée d’une nouvelle génération de cadres issue des couches populaires ambitieuse qui, comme Hamid Chabat, a assez de jouer les strapontins.
«Cette montée de Hamid Chabat et de ses partisans met un terme à une époque. Le parti ne sera plus comme auparavant, il n’a appartient plus à la seul famille des El Fassi mais il est désormais la propriété de toutes les couches du peuple marocain. Une situation qui n’est sans rappeler celle qu'avait vécue l’université marocaine vers la fin des années 70 et le début des années 80 avec l'arrivée en masse d'étudiants issus de milieux défavorisés», nous indique l’universitaire Mustapha Merizak.
Cette élection d’un syndicaliste à la tête de l’un des anciens partis au Maroc est la conséquence de cette dynamique sociale et populaire que vit encore la rue marocaine. Le printemps arabe profite, amplement, à Chabat pour succéder à Abbas El Fassi. Une succession dépourvue d'une identité idéologique ou d'une vision stratégique mais il s’agit plutôt une secousse interne», ajoute-il
Le clan El Fassi opte pour la chaise vide
Comme prévu, les membres du clan El Fassi ont mis en exécution leurs menaces de boycotter l’élection du comité exécutif en cas de victoire de Hamid Chabat. Dans la soirée, Nizar Barak, le gendre de Abbas El Fassi, et actuel ministre des Finances, était le premier à annoncer la couleur. Dans un communiqué, il dit prendre «note du résultat du scrutin, dont je respecte le choix de la majorité des électeurs, j’ai décidé de retirer ma candidature au poste de membre du comité exécutif pour rester fidèle à mes principes et attaché aux constantes et valeurs du parti». C’est la même initiative qu’a prise Abdelouahed El Fassi, le candidat malheureux à la succession à la fois de son cousin et son gendre à la tête de l’Istiqlal.
Par ailleurs, il n’y a pas que ces deux retraits. Quarante membres du conseil national ont pris la même initiative. La cause : le refus de Hamid Chabat de reporter l’élection des 26 sièges du Comité exécutif à une date ultérieure
Cette politique de la chaise de la part du clan El Fassi et de leurs partisans aura-t-elle des conséquences négatives sur la cohésion du parti ?
«A moyen terme, l’Istiqlal est menacé de scission. Le puissant clan d’El Fassi ne pourrait accepter de jouer les seconds rôles», estime l’universitaire Merizak. Durant son histoire, le PI a subi deux scissions : la première en 1959 menée par les amis de Mehdi Ben Barka ; donnant naissance à l’Union nationale des forces populaires et en 2008 par Ahmed Fitri qui a créé sa petite enseigne politique : parti de l’unité et de la démocratie.