Après la coupure du robinet du gaz naturel liquéfié (GNL) par l’Algérie, le Maroc a décidé de se tourner vers le partenaire le plus à même de lui fournir cette prestation : l’Espagne. Alors que le pays dispose du tiers de la capacité de regazéification du GNL européen, son réseau vers ses voisins européens est sous-dimensionné et celui en Méditerranée sous-exploité, rapporte Bloomberg. Le pipeline qui faisait transiter le gaz d’Algérie à l’Espagne via le Maroc pourrait donc être utilisé en sens inverse pour approvisionner le royaume.
En effet, le Maroc ne dispose pas de la capacité en terminaux pour traiter lui-même le GNL mais serait en mesure d’envoyer des cargos en Espagne pour que le combustible soit regazéifié et renvoyé au Maroc par la suite.
Début janvier, la ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Leila Benali a appelé un groupe de négociants en GNL à faire des offres pour fournir du gaz. «Nous leur avons dit : Vous pouvez livrer dès que possible - en février ou en mars - dans ce port depuis un pays voisin et nous pouvons l'acheminer au Maroc», a déclaré la ministre, soulignant que l'objectif est d'approvisionnement le Maroc par ce canal pour une durée d’au moins 5 ans. Le port de Mohammedia au Maroc, qui sera le premier port à disposer d'un terminal flottant pour importer du GNL, servira de premier terminal.
En Espagne, le ministère de la Transition écologique serait favorable à ce genre d’utilisation des terminaux espagnols. «Le Maroc a demandé une aide pour garantir sa sécurité énergétique sur la base de relations commerciales, et l'Espagne a répondu positivement à cette demande», a assuré le ministère à Bloomberg. «Le Maroc pourra acquérir du GNL sur les marchés internationaux, le décharger dans une usine de regazéification en Espagne et utiliser le gazoduc du Maghreb pour l'envoyer sur son territoire», ajoute-t-il.
Si l’importation du GNL par cette manière serait plus couteux, la sécurité énergétique du Maroc prime, précise Leila Benali, alors qu'entre 60 et 80% du gaz utilisé au Maroc provenait d’Algérie avant la coupure.