Dans un témoignage décrit comme un «dialogue de sourd» par le journal le Monde, Yassine Abaaoud, le frère du djihadiste belgo-marocain Abdelhamid Abaaoud a été entendu par la cour, jeudi, pendant le procès du 13 novembre, associant déni au mutisme.
Alors qu’Abdelhamid Abaaoud, mort dans un assaut de police le 18 novembre 2015, est accusé d’avoir été le commandant opérationnel des attentats du 13 novembre, participant directement au «mitraillage» des terrasses des cafés et restaurants de l'Est parisien, Yassine doute de la responsabilité de son frère. «Je ne sais pas si c’est mon frère qui a fait ça», dit-il depuis le parquet fédéral de Bruxelles, témoignant par visioconférence.
Si les parties civiles espéraient en savoir un peu plus sur Abdelhamid Abaaoud, qui a notamment emmené son frère Younes de 13 ans en Syrie pour qu’il devienne «le plus jeune djihadiste de Daech» avant de mourir en 2018 à seulement 17 ans, Yassine n’a rien lâché, enchainant poliment des «je ne sais pas».
Face aux questions, il remet même en doute la responsabilité et la mort de son frère Abdelhamid, évoquant «des légendes qui circulent pour dire qu’il serait encore en vie et que c’est pas lui qui a commis ces attentats» et que sa famille n’a pas vu son corps. Pour son jeune frère mort en Syrie, le déni est le même. «On espère toujours le retour de mon petit frère», déclare Yassine Abaaoud, alors qu’il dit «ne pas savoir» si son frère est mort.
Essayant de ramener le témoin à la réalité, le président de la Cour rappelle les faits, avérés, qui incriminent Abdelhamid, mais Yassine a continué à affirmer ne rien savoir. «Je ne sais pas si je vais être d’une grande utilité par rapport à ce procès… Je ne sais pas quoi dire. Je ne suis pas dans sa tête», lance-t-il encore quand on le questionne sur les motivations de son frère.
Dans son témoignage durant près d’une heure, les journalistes pointent des propos évasifs qui viennent contredire la plupart du temps ce qu’il avait lui-même déclaré sur procès-verbal, quelques années plus tôt.