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Grand Angle  

Drame écologique dans l'Oriental : La Moulouya n’atteint plus la Méditerranée

Depuis plusieurs mois, les défenseurs de l’environnement alertent sur l’assèchement de la Moulouya, drainé par quatre barrages ainsi que deux stations de pompage. Le drame écologique a fini par se produire, avec la rupture du courant entre le fleuve et la mer Méditerranée.
 

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Un cordon sableux sépare désormais l'embouchure du fleuve et la mer Méditerranée, menaçant l'existence même de cette zone humide. / DR
Temps de lecture: 3'

Après plusieurs alertes lancées par les défenseurs de l’environnement dans la région, le drame a fini par se produire. L'embouchure de la Moulouya, l’un des importants fleuves du Maroc qui dessert une partie du Maroc oriental, ne communique plus avec la mer Méditerranée. Des activistes ont ainsi publié, hier, les images d’un cordon sableux qui sépare désormais l'embouchure de la mer. Un drame écologique qui menaçait jusque-là cette zone humide.

«La situation est très catastrophique et très critique et tout le monde est d’accord là-dessus. Nous aborderons ce problème avec la direction régionale des Eaux et forêts. Le dessèchement de la Moulouya va détruire le site, surtout avec des prélèvements d’eau qui ne laissent plus rien à la nature», regrette ce jeudi Mohamed Benata. Docteur en géographie et président de l'ONG Espace de solidarité et de coopération de l'Oriental (ESCO), il reconnaît qu’il «n’y avait pas beaucoup de précipitations récemment», mais affirme que «les politiques agricoles et les stations de pompage ont aggravé le problème».

Un faible débit «drainé par deux stations de pompage»

«La station de pompage du barrage Sultan Moulay Ali Cherif s’accaparait de la moitié du débit du fleuve. Ils ont mis en place une autre à Oulad Settout (mise en service en mars 2021) alors qu'il est prévu d’en rajouter d’autres. Seulement, avec ces deux stations déjà opérationnelles, le débit écologique n’est pas préservé et l’eau n’atteint plus la mer», explique-t-il.

Le débit écologique est défini comme un seuil minimal d'écoulement naturel des cours d’eau avant l’intervention humaine notamment par la construction des ouvrages de retenue ou de dérivation pouvant menacer l’équilibre des écosystèmes aquatiques. 

«Pourtant, la Loi de l’eau prévoit un débit écologique nécessaire à respecter, quelle que soit la structure (station de pompage, barrage,…). Elle est donc claire et il existe des textes et des conventions. Malheureusement, la réalité sur le terrain est toute autre», dénonce cet ingénieur agronome à la retraite et fervent défenseur de l’environnement. «Lorsque l’eau n’est plus courante et ne coule plus, il y aura automatiquement de la pétrification et de mauvaises odeurs dans les eaux qui stagnent au niveau de la zone. Il faut donc s’attendre à la mortalité des poissons et la dégradation de la biodiversité», détaille-t-il encore.

«Nous sommes devant une vraie catastrophe écologique. Même pendant les années de sécheresse, l’eau coulait toujours dans la rivière et atteignait la mer. Le courant entre le fleuve et la mer n’a jamais été rompu dans l’histoire de la Moulouya, ce qui est une première.»

Mohamed Benata 

La longue agonie d’une zone humide

Le président de l’ESCO rappelle que «les quatre barrages installés sur le fleuve régulent déjà à 100% son débit». «C’est seulement en temps d’inondations qu’ils effectuent un lâcher. Avec l’extension du barrage Mohammed V, mêmes ces lâchers d’eau ne parviendront plus à l’embouchure», regrette-t-il encore. «En temps normal, ce sont des sources situées après le barrage Machraa Hammadi qui permettent récemment d’assurer le débit écologique de la Moulouya. On consomme plus que la capacité du fleuve et les stations de pompage n’arrangeront pas les choses, le débit est ainsi complètement desséché», enchaîne-t-il.

Dans ce sens, Mohamed Benata note que les militants n’ont pas «cessé d’alerter le gouverneur, le wali, la direction des Eaux et forêts, le Point focal de RAMSAR (Convention sur les zones humides d'importance internationale, ndlr)». «Tout le monde est au courant mais rien n’a été fait», lâche-t-il.

L’associatif plaide ainsi pour une «révision» de la politique agricole dans la région. «Le ministère ne doit pas pompé au-dessus de ce qui est possible. Il ne reste plus rien pour la nature avec les stations de pompages et les barrages. Ils doivent laisser un petit débit et veiller au respect de cette mesure», insiste-t-il.

L’agonie de cette zone humide a déjà connu un épisode sévère. Il y a quelques semaines, des activistes, dont l’ESCO, ont alerté sur la situation du «bras mort» de la Moulouya, à cause de plusieurs facteurs, dont l'obturation du canal qui l'alimente avec les eaux de Aïn Zebda et Aïn Chabak. «On prévoyait aussi une petite opération pour nettoyer un canal afin de le restaurer mais nous n’avions pas réussi à l’effectuer», regrette notre interlocuteur. Une fin tragique annoncée, au grand dam des sonnettes d’alarmes tirées par les ONG locales depuis déjà plusieurs mois.

Respect#
Date : le 15 octobre 2021 à 11h32
Pourquoi il était premier ministre ou ministre de l'environnement Y'a 10 années qu'il fallait prendre des mesures ou 5 ans pour faire face à ce problème,maintenant il faut utiliser des moulins qui auront 2 fonctions produire de l'électricité et remplir le bassin avec un conduit.
Citation
Amazigh-Rocain à écrit:
Cette catastrophe est dû à la politique de notre milliardaire Akhouch, pendant ces dernières années. Le Roi doit et devrait intervenir avec que notre Moulouya se dessèche. Je suis passé le 26 sept passé, elle était à moitié vide,,
PUR RIFAIN
Date : le 15 octobre 2021 à 10h59
Cette catastrophe est dû à la politique de notre milliardaire Akhouch, pendant ces dernières années. Le Roi doit et devrait intervenir avec que notre Moulouya se dessèche. Je suis passé le 26 sept passé, elle était à moitié vide,,
gustavo321
Date : le 15 octobre 2021 à 00h46
C'est trop triste. Je connais parfaitement cette région. Il y a 50 ans la Moulouya était un puissant et magnifique fleuve au débit impressionnant qui se jetait avec fougue dans la Méditerranée à proximité de Saïdia. L'embouchure était d'une grande beauté et la nature était aussi sauvage que captivante. Ce qui se passe dans cette région est malheureusement le fruit d'une surexploitation effrénée et non réfléchie (non réglementée) des eaux par pompage et des détournements des eaux pour usage d'irrigation. Avec la destruction du site et le dessèchement de cette zone humide, on assiste à la perte d'une partie du patrimoine naturel et écologique du Maroc oriental. Et c'est toute la question de l'équilibre nécessaire à trouver (d'urgence) par le Maroc d'aujourd'hui, entre ses ambitions de développement et de croissance économique d'un côté, et les contraintes (et limites) imposées par l'écologie et l'environnement. Un pays qui se préoccupe aujourd'hui uniquement de croissance, alors que le changement climatique est devenue une vérité et un défi incontournables, perdra beaucoup et de son âme et de l'avenir qu'il offrira à ses enfants et à la postérité. La nature, la terre, cette mère (et mer) nourricière, est en réalité l'alpha et Omega à qui nous devons tout. Et c'est une insulte et une grande ingratitude que de se comporter avec elle avec une voracité et une violence sans limites. Elle saura vite nous retourner cette ingratitude et cette violence à la figure. Il n'y a qu'à voir l'emballement et l'intensification des catastrophes naturelles liées au changement climatique. Le Maroc, dont les deux mamelles nourricières sont le tourisme et l'agriculture, ne peut se permettre d'emprunter cette voie aveugle, sans âme, sans conscience, sans intelligence, qu'est le développement et la croissance tous azimuts sans prendre en compte le facteur écologique et développement durable. Autant l'agriculture que le tourisme sont antinomiques avec la pollution et la surexploitation des ressources. S'il est déjà trop tard pour sauver l'embouchure de la Moulouya, il est essentiel et impérieux de prévenir et éviter à l'avenir de tels scénarios ailleurs à travers le Royaume. Seuls les pays qui auront des vraies politiques environnementales et écologiques viables et ambitieuses, offriront à leurs générations futures un lieu de vie sain et prospère.
Wajda80
Date : le 14 octobre 2021 à 22h10
Catastrophique, il y a pas d’autres mots. A force de tirer sur la corde en multipliant les barrages et captages, on va tout effondrer. Déjà que notre région manquait d’eau, là on va creuser notre propre tombe…
maurusia2021
Date : le 14 octobre 2021 à 19h17
En effet, on est entrain là de faire comme la Chine pour le gigantesque barrage des Trois Gorges, qui a changé l'environnement du fleuve Yangtzé. Surtout en ces périodes de sécheresse, il aurait fallu ouvrir les barrages et retenus d'eaux.
Citation
Yehouda à écrit:
Très triste. Ça ne console pas, mais c'est toute la terre que l'on abîme.
Yehouda
Date : le 14 octobre 2021 à 18h12
Très triste. Ça ne console pas, mais c'est toute la terre que l'on abîme.
Respect#
Date : le 14 octobre 2021 à 16h31
Demander au gouvernement de faire un gazoduc depuis oued fes??
Dernière modification le 15/10/2021 11:32
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