La reconnaissance de l’administration Trump de la marocanité du Sahara continue d’être passée au crible par les centres de recherches en Espagne. Le dernier acte porte la signature de l’Institut pour la Sécurité et la Culture, qui a publié un rapport intitulé : «Le Maroc, le Détroit de Gibraltar et la menace militaire sur l’Espagne», rapporte ce vendredi 27 août OK Diario.
Le média en ligne s'est essentiellement focalisé sur des extraits qui répondent à sa ligne éditoriale, alertant de l’armement de Rabat. Néanmoins le think-tank a consacré trois chapitres à la décision de l’ancien président Donald Trump et ses impacts sur «les relations entre le Maroc et les Etats-Unis», «le statut du Maroc» et «la stratégie africaine du Maroc».
L’Institut constate que «le Maroc a su tirer profit de la stratégie de Trump et Netanyahu au Moyen-Orient et le conflit palestinien, retardant magistralement le rétablissement de relations diplomatiques avec Israël jusqu'à ce qu'il obtienne la reconnaissance des États-Unis de sa souveraineté marocaine sur le Sahara occidental».
La reconnaissance US va renforcer l’ «hégémonie» du Maroc sur le continent
Le centre de recherche estime que le coup de pouce de Donald Trump dépassera la simple officialisation de liens -déjà existants- entre Rabat et Tel-Aviv. «Le schéma des relations politiques au Maghreb, au Sahel et en Afrique subsaharienne, va changer». Le rapport décortique ainsi les conséquences de cette reconnaissance sur la place du Maroc au Maghreb, en Afrique, notamment le Sahel, et en Europe. L’Institut considère que la décision actée le 10 décembre 2020 «aura un effet d’appel» sur d’autres pays, notamment en Europe, pour emboiter le pas aux Etats-Unis. Certains Etats du Groupe de Visegrád, réunissant Hongrie, Pologne, Tchéquie et Slovaquie, pourraient s’ajouter sur cette liste.
L’Institut pour la Sécurité et la Culture (ISC) affirme, par ailleurs, que le décret de l’ancien président américain devrait renforcer le «leadership» du royaume au niveau africain, citant particulièrement le projet de construction du gazoduc transsaharien reliant le Nigeria, le Maroc et l'Europe, «qui en plus de saper le monopole algérien sur le gaz, fournirait l'approvisionnement en ce produit à 13 pays d'Afrique de l'Ouest». Cette crainte d'une «hégémonie» supposée du royaume en Afrique a été également pointée du doigt dans un rapport de l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité.
Contrairement à ses collègues allemands, l’ISC a choisi de se concentrer sur les conséquences de cette «influence» du Maroc au niveau régional et continental sur la souveraineté de l’Espagne sur Ceuta, Melilla et les autres territoires extra-péninsulaires. Une question qui revient d'ailleurs en force sur la scène politique en Espagne, grâce à une campagne politique menée par le Parti populaire et relayée en boucle par les médias de la droite plurielle.
Le rapport de l’Institut pour la Sécurité et la Culture a, en outre, anticipé la rupture des relations entre le Maroc et l’Algérie, du 24 août, soulignant que la reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara va exacerber les tensions entre les deux pays.
Pour mémoire, en mars dernier le Département de Sécurité Nationale (DSN), qui relève de la tutelle directe de la présidence du gouvernement espagnol, a reconnu dans son rapport 2020 sur les défis sécuritaires menaçant la stabilité du pays, qu’en prenant acte pour la marocanité du Sahara occidental, Washington «à aggraver la complexité de la situation».