L’absence de Brahim Ghali de son «palais jaune», dans le camp Rabouni, entre dans son quatrième mois. Après huit semaines d’hospitalisation à Logroño, le chef du Polisario est depuis le 2 juin admis officiellement pour «convalescence» à Aïn Naaja à Alger, la clinique militaire réservée aux dignitaires du régime algérien et à leurs proches.
De par sa durée, cette vacance au pouvoir commence à soulever des interrogations dans les camps de Tindouf, d’autant que Brahim Ghali n’a donné aucun signe de vie depuis des semaines. La dernière apparition publique du chef du Polisario remonte au 2 juin lors de la visite du président Abdelmadjid Tebboune et du chef des armées, Said Chengriha, à son chevet.
Deux jours plus tard, une photo a circulé le montrant en discussion avec son «premier ministre», Bouchraya Hammoudi Bayoune, à l'hôpital Aïn Naaja. Une «réunion» que la machine de communication du Polisario a saisie pour annoncer le retour imminent de Ghali dans les camps de Tindouf, invitant la population à se préparer à le recevoir. Depuis, rien ne s’est produit, comme le relève le Forum de soutien des autonomistes de Tindouf.
Sur les traces de Tebboune
Face à cette absence, la loi fondamentale du Polisario précise dans son article 61 qu’«en cas de vacance du poste de président de la république, le président de l'Assemblée nationale assume les fonctions du président de la république pour une durée délai maximum de quarante jours». Pour l’heure, Hamma Salama, ancien numéro 2 du Front sous les dernières années du règne de Mohamed Abdelaziz, avant qu’il ne soit dépossédé de son titre par Brahim Ghali lors du 15ème congrès de décembre 2015, ne s’est pas manifesté pour solliciter l’opérationnalisation de cet article.
Cette vacance de pouvoir chez le Polisario ne constitue pas une exception, son parrain algérien est passé maitre en la matière. Le président Tebboune a vécu des mois en Allemagne pour se soigner d’une infection au Covid-19. D’abord du 28 octobre au 29 décembre 2020 et, après un bref retour dicté par la signature de la loi de finances 2021, il a regagné le 10 janvier l’Allemagne pour compléter son traitement médical et y rester jusqu’au 12 février. Pendant toute la durée de son absence, la Cour constitutionnelle n’a pas jugé bon de déclarer la vacance au sommet du pouvoir et enclencher le processus de la désignation du président du Sénat en tant que chef d’Etat par intérim pendant une période provisoire de trois mois.
L’absence de Tebboune est loin d’être le seul cas en Algérie. Son prédécesseur, Abdelaziz Bouteflika, a battu tous les records. L’ancien président, gravement malade, avait brillé par ses absences prolongées durant des mois, notamment lors de son 4ème mandat (2014-2019). Aux élections présidentielles de 2014, il n’a même pas pris part à sa propre campagne électorale, confiant cette mission à ses fidèles, Abdelmalek Sella et Ahmed Ouyahya.
Dans les camps de Tindouf, c'est Mohamed Salem Ould Salek qui, à coup d’interviews accordées à des médias internationaux, essaie de combler l’absence de Brahim Ghali.