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Breve

Espagne : Un Marocain payé avec «de la nourriture et du tabac» dans une ferme de melons

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L'audience a eu lieu mercredi devant le Tribunal provincial de Ciudad Real. / Ph. Carlos Diaz-Pinto Navarro
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Le tribunal provincial de Ciudad Real a entendu, mercredi, le propriétaire d'une ferme de la ville de Socuéllamos (communauté autonome de Castille-La Manche) accusé de crime présumé contre les droits des travailleurs et fraude. Selon les médias espagnols, il aurait «abusé» de la confiance d’un migrant marocain sans papier, en le faisant travailler dans une ferme de melons pendant deux ans, sans salaire, sans contrat et dans des conditions insalubres.

Comme l'indique l'acte d'accusation, les faits remontent à 2016, lorsque l'accusé s'est entendu «verbalement» avec le Marocain pour travailler à la préparation, la plantation et la cueillette des melons qu'il possédait, en «s'engageant à lui donner de la nourriture, du tabac, de la bière et parfois une somme de 10 ou 20 euros». «Il n’avait pas de repos hebdomadaires, de vacances et autres avantages sociaux.»

Selon le parquet, il s’agit de «conditions imposées par le propriétaire avec l'intention manifeste d'obtenir un avantage illicite» et, en pleine conscience, un «non-respect des conditions du travail» en vigueur. De même, le parquet indique que l'accusé était au courant de la «situation de précarité» dans laquelle se trouvait le migrant marocain, qui «ne connaissait pas la langue, manquait de ressources économiques, avait un faible niveau culturel et avait de la difficulté à trouver, en raison de ses faibles qualifications, un autre emploi».  

Le prévenu a ainsi permis au Marocain d’habiter une cabane située sur la parcelle, qui «manquait des conditions les plus minimales d'habitabilité, d'hygiène et la santé», dénonce le parquet, qui cite le manque d'approvisionnement en eau et en électricité, ainsi que de l'absence de salle de bain. «La victime a vécu dans cette cabane pendant environ deux ans», ajoute-t-on.

Le parquet dénonce également un accord non respecté entre les deux parties. Ainsi, en 2017, l'accusé avait convenu avec son employé que les bénéfices tirés de la vente de melons seraient partagés également entre les deux. L’employeur aurait tiré 73 767 euros de bénéfices provenant de la vente de melons, sans remplir cet engagement.

Le représentant du ministère public considère le prévenu comme auteur d'un crime contre les droits des travailleurs, réclamant trois ans de prison, une amende de 10 euros par jour pendant douze mois et indemniser la victime de 40 000 euros pour le dommages causés.

Pour sa part, l’agriculteur espagnol s’est défendu, en affirmant devant le juge que «c’est le migrant qui lui aurait proposé de devenir son partenaire» dans la ferme. «Je l'ai toujours traité comme un fils», a-t-il lancé, en assurant que dans la plantation, «Mustafa était responsable et donnait des instructions aux autres employés». Il s’est également défendu en qualifiant la cabane dans laquelle vivait le Marocain de «chalet», reconnaissant l’absence d’assainissement, d’eau et d’électricité, mais affirmant «la possibilité d'y accéder dans la maison d'à côté et avec le moteur d'arrosage».

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