Les bons de débarquement réclamés par le marins leur ont été distribués ce matin. Après quoi, le Biladi et le Bni Nsar de la Comarit ont été finalement déplacés pour faire place aux ferries de GNV qui assure la ligne depuis lundi matin. «Le Marrakech va être déplacé dans quelques heures à cause de problèmes techniques», confie en fin d’après-midi à Yabiladi Ahmed El Farkous, président de l’Association des usagers. Il précise également que les navires marocains ont été ravitaillés en gasoil par l’EPR, la société gestionnaire du port de Sète.
Les marins pourront ainsi quitter leurs bateaux sans que cela ne soit considéré comme un abandon de poste. Cependant tous ne quitteront pas le quai de Sète. «Cinq ou six marins» devront rester sur chaque bateau pour en assurer l’entretien jusqu’à ce que ce litige qui oppose leur employeur la Comarit au port de Sète soit réglé, indique M. Farkous.
Moral à plat
Du côté des marins, ce n’est pas la joie. Organisé par la préfecture de l’Hérault, leur rapatriement de ces hommes de mer aura lieu dans une dizaine de jours et certains dépriment déjà rien qu’en pensant à leurs conditions de vie une fois au Maroc. «La vérité c’est que nous n’avons aucun sous dans nos poches pour nos femmes et nos enfants. On n’est pas bien», lance M. Doubouri, marin sur le Bni Nsar, contacté par Yabiladi. «Pendant six mois on est resté ci comme ça. Moi, j’ai mes enfants, d’autres ont des crédits, ce qui est sûr, on n’est pas bien», se lamente-t-il. Selon France 3, «une somme de 300 euros devrait être distribuée» à chaque marin au moment du rapatriement, mais le matelot du Bni Nsar n’est rassuré à cette idée, qui reste pour lui une «promesse».
Tentative de suicide ?
M. Doubouri se dit encore plus mal après le drame qu’ils ont failli vivre il y a «quatre ou cinq jours», dont aucun média qui suit l’affaire de près à Sète n’a parlé. Lui il parle de «tentative de suicide», tandis qu’officiellement, on parle «d’accident». «C’est un mécanicien du Marrakech. Il a sauté de sa cabine et il est tombé sur le pont près de la piscine. Il s’est cassé une jambe. Il est parti par avion hier au Maroc, raconte l’homme de mer».
L’inspecteur d’ITF, Pascal Pouille, contacté par Yabiladi, confirme cette information, mais refuse de parle de tentative de suicide. M. Pouille rend quotidiennement visite aux marins. C’est d’ailleurs lui qui a conseillé les marins de demander des bons de débarquement avant tout déplacement des navires de la Comarit. Mais il s’avère que le jour de l’incident, «je ne n’étais pas au port», déclare-t-il. «Il a sauté de sa cabine et serait tombé à 2 mètres plus bas. On a dit que c’est un accident. Je n’étais pas là, je ne peux affirmer des choses dont je ne suis pas sûr. Mais pour que quelqu’un saute du haut de sa cabine, ce ne peut qu’être volontaire».
Pour Mohamed, second capitaine du Marrakech, on ne peut avec certitude dire que c’est une tentative de suicide. «C’est à cause des problèmes. Il était malade, je crois même avant la saisie des bateaux, mais tous ces problèmes ont aggravé son état de santé. Il n’y a qu’un psychiatre pour déterminer ce qu’il a vraiment», confie-t-il, ajoutant que le mécanicien marocain a été rapatrié au Maroc hier jeudi, par avion.
A l’heure où nous écrivions cet article, les officiels marocains étaient injoignables pour complément d’information. C’est un dénouement bien tragique pour les marins de le Comarit, qui n’ont pas encore fini d'endurer les conséquences des erreurs de leur employeur.