Dans la crise ouverte avec le Maroc, le gouvernement de coalition de gauche n’a pas eu le soutien de son opposition de droite. Pedro Sanchez et sa ministre des Affaires étrangères ont beau insisté sur la «défense de l’intégrité territorial», l’«espagnolité de Ceuta et Melilla», et le «rétablissement de l'ordre», des marqueurs de droite, le Parti populaire et ses bras médiatiques ne sont pas tombés dans le piège.
Le quotidien ABC a ainsi publié un éditorial très critique à l’égard de la gestion de Sanchez des relations avec le Maroc. «L’Espagne a commis une très grave erreur en compromettant ses relations avec le Maroc lorsque la présidence du gouvernement a permis à l’ancien vice-président de l’exécutif Pablo Iglesias de défendre la souveraineté du Polisario sur le Sahara occidental désavouant ainsi le soutien des États-Unis au Maroc». Le journal rappelle le tweet d'Iglesias écrit au lendemain de l'opération des Forces armées royales du 13 novembre à El Guerguerate.
«Cela a révélé les énormes lacunes de notre diplomatie et la superficialité avec laquelle le chef du gouvernement Pedro Sanchez aborde la politique extérieure» constate ABC, assurant que l’accueil par Madrid du chef du Polisario «poursuivi en justice et sans même informer le Maroc» était une autre «erreur monumentale».
Ce mercredi à la Chambre des représentants, lors de la traditionnelle session de contrôle de l'action du gouvernement, la présidente de Ciudadanos (centre de droit), Inés Arrimadas a invité l’exécutif de coalition de gauche à «corriger ses erreurs évidentes en politique étrangère, renforcer les contrôles et agir avec fermeté pour que l’Espagne ne fasse pas l’objet de chantage». Pablo Casado, président du PP, a également exhorté le chef du gouvernement à «corriger ses erreurs» et «être humble».
Face à ce déluge de critiques, Pedro Sanchez a opté pour l’attaque, accusant la droite, particulièrement le Parti Populaire, de «déloyauté envers le gouvernement et les intérêts généraux de l'Etat» et d'«instrumentaliser» la crise migratoire de Ceuta pour «renverser le gouvernement». Le socialiste a invité le PP et Ciudadanos à «plus de responsabilité» et à exercer une «opposition d’Etat».
La majorité sur laquelle s’appuie Pedro Sanchez est très fragile. Depuis le deuxième vote du 7 janvier 2020 à la Chambre des représentants, 167 députés se sont prononcés en faveur de son cabinet de coalition de gauche contre 165 et 18 abstentions.