En Espagne, la droite classique a décidé de jouer la carte de la crise avec le Maroc. Après les questions écrites du groupe de députés du Parti Populaire sur la crise entre Rabat et Madrid, c’est au tour de Pablo Casado de pointer du doigt la gestion par le gouvernement de coalition de gauche des relations avec Rabat, la qualifiant même d’ «irresponsable», rapporte la Radio Cope.
Le chef du PP, une formation qui a le vent en poupe notamment après sa large victoire aux élections du 4 mai à la région de Madrid, a assené des coups directs à la politique étrangère menée par l’exécutif Pedro Sanchez. Elle est «nulle» et «à l’origine de la crise sans précédent» avec le Maroc, a-t-il déclaré lors de sa participation hier à une conférence consacrée à la «journée de l’Europe» marquée par la présence des anciens ministres des Affaires étrangères de droite, Mme Ana Palacio et José Margallo.
Prenant très au sérieux les «menaces» proférées par le royaume dans le communiqué du département de Nasser Bourita publié le samedi 8 mai, Casado a rappelé au gouvernement Sanchez que «les politiques d'immigration, de tourisme ou de pêche dépendent des relations avec le pays voisin».
Sur les traces du socialiste Zapatero en 2001
Le Maroc a en effet averti l’Espagne qu’il «tirera les conséquences» de l’hospitalisation, en catimini et sous une fausse identité, de Brahim Ghali dans un hôpital à Logroño. Rabat a également dénoncé les appels de la part de membres du gouvernement espagnol à «minimiser» la crise du chef du Polisario. Durant son intervention, Pablo Casado s’est gardé d’aborder les revendications marocaines sur Ceuta et Melilla, une ommission qui vise à ménager son allié de circonstance : le Maroc.
Au royaume, le secrétaire général de l'Istiqlal s’est déjà félicité de la position de son «allié» le PP. «Le Parti populaire a non seulement fait preuve d’une amitié réitérée à l’endroit de mon pays, mais également démontré une cohérence politique et une empathie fraternelle qui malheureusement a drastiquement fait défaut à d’autres courants de la scène politique espagnole. L’incompréhension a été forte et générale au Maroc», a écrit, dimanche, Nizar Baraka dans une lettre adressée au chef du PP. Il a d'ailleurs saisi cette occasion pour inviter Pablo Casado à se rendre au Maroc. Istiqlal et Parti populaire sont membres de l’Internationale démocratique du centre (IDC).
Une visite de Casado au Maroc n’est pas à exclure. José Luis Rodriguez Zaptero, alors secrétaire général du PSOE (opposition), s’était rendu en décembre 2001 au royaume et avait rencontré le roi Mohammed VI. Un déplacement effectué en pleine crise entre le Maroc et le gouvernement de droite que présidait José Maria Aznar, marquée par le rappel, en octobre 2001, de l’ambassadeur du Maroc pour «des consultations d’une durée indéterminée» et l'annulation de la réunion de haut niveau entre les deux pays.