«Les partis politiques sont une sorte d’aboutissement de l’activité associative, on ne peut guère imaginer le fonctionnement d’une société démocratique sans eux», clamait l'ancien président tchèque Vaclav Havel. Au Maroc, les formations s’acquittent-elle de cette mission ?
A quelques mois du début du processus électoral, presque tous les partis politiques marocains sont frappés par des démissions, collectives ou individuelles. Il ne se passe pas une semaine sans l’annonce de départs d’une formation à l’autre. Une transhumance légale qui a pris de l’ampleur par rapport aux précédents scrutins, a tel point que le PJD, autrefois réputé pour la discipline de ses militants, y succombe aussi.
Le phénomène est d'autant plus préoccupant qu'il participe au discrédit des formations politiques et les missions qui leurs sont dévolues conformément à l’article 7 de la constitution du 1er juillet 2011, à savoir «l’encadrement et la formation des citoyennes et citoyens» et «la promotion de leur participation à la vie nationale et à la gestion des affaires publiques».
Les militants remplacés par des professionnels des élections ?
«Ces démissions sont le symptôme d’une situation anormale dans laquelle sont englués les partis depuis des années. Elles renseignent également sur l’absence de démocratie interne au sein de structures qui ne remplissent plus leurs fonctions constitutionnelles, tels la médiation et l’encadrement des citoyens. Les partis ne défendent plus un projet sociétal, ils sont devenus de simples entreprises politiciennes», analyse Mohamed Zine Eddine, professeur du droit constitutionnel.
«Le phénomène s’explique également par la confrontation entre des ambitions personnelles contradictoires à l’approche de chaque élection. Les personnes qui n’arrachent pas les postes de mandataires de listes dans leurs propres partis n'hésitent pas à le quitter pour un autre.»
Un avis que partage Mohamed Fares, le coordinateur national du Parti des Verts Maroc. «A l’exception du PJD qui connait une crise organisationnelle avec la reprises des relations avec Israël et le projet de loi légalisant sous certaines conditions le cannabis, toutes ces démissions n’entrent pas dans le cadre d’une guerre idéologique mais répond plutôt à une guerre des positions en relation aves le prochain processus électoral», souligne-t-il auprès de Yabiladi. N'hésitant pas à dénoncer un comportement de rentier de la poliique, il déplore que «les formations n’investissent plus dans les militants mais dans les professionnels des élections».
Pour l'homme politique écolo, c'est cette dérive qui affaiblit les partis politiques. Une faiblesse qui risque d’impacter l’Etat, reconnait l’universitaire Mohamed Zine Eddine. «Les formations politiques sont parmi les piliers de l’Etats moderne», rappelle-t-il en conclusion.