Les musulmans de Ceuta réclament à nouveau la reconnaissance par l’Etat espagnol de leur langue maternelle, le «Ceuti arabe». «Il s’agit d’une initiative présentée et défendue par la formation locale Coalition Caballas, de Mohamed Ali. Actuellement, cette revendication est appuyée par le Parti Compromis (de la région de Valence, ndlr)», nous confie Karim Prim, un acteur associatif de la ville.
«Par ce projet, Caballas plaide pour une intégration du "Ceuti arabe", composé des mots en dialecte arabe jebli et castellan, dans les écoles et les administrations publiques.»
Des propos qui rejoignent ceux du chef de Caballas. Dans des déclarations à la presse, Mohamed Ali déplore en effet que «la langue maternelle de plus de la moitié des habitants de la ville soit invisible dans les administrations et les institutions publiques». Le parti qui représente la forte communauté musulmane au Parlement de Ceuta considère que "le Ceuti arabe" doit bénéficier d’une protection des pouvoir publics», écrit Caballas dans un manifeste.
Convaincre d'autres partis à Madrid
«Pour l’heure, Compromis vient de présenter une proposition à la Chambre des représentants à Madrid, appuyant les demandes de Caballas. Néanmoins on ne sait pas si elle sera couronnée de succès ou non», indique Karim Prim. La formation autonomiste avait déjà porté en 2018 les mêmes revendications mais s'était heurtée à l'opposition du Parti Populaire et du Parti socialiste ouvrier espagnol afin d'ériger le «Ceuti arabe» au rang de langue officielle régionale reconnue par l'Etat espagnol.
«Les promoteurs de ce projet cherchent pour le moment l’appui d’autres partis politiques à la Chambre des représentants à Madrid, notamment de gauche et les autonomistes.»
Pour rappel, l’Espagne a signé le 5 novembre 1992 la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, et l’a ratifiée le 9 avril 2001. Le document est entré en vigueur depuis le 1er août 2001. Les langues maternelles des habitants des communautés musulmanes à Ceuta et Melilla ne sont pas inscrites dans ce registre et ne bénéficient en conséquence d’aucune protection constitutionnelle comme le catalan, l’aragonais, le galicien, le basque, l’asturien ou le valencien.