Pour l’heure, la joie et l’engouement d’une Amérique réconciliée avec le monde sont toujours d’actualités. Partout dans le monde (ou presque), on commente l’élection d'Obama entre fierté, espoirs et illusions. Que l'on soit noir, blanc ou métis, personne ne fait l’économie d’une appréciation, d’un avis voire de certitudes sur l’impact de la présidence des Etats Unis incarnée par un homme de couleur.
En France, les politiques et les médias ne cessent de s’étendre sur la place occupée par les minorités. N’hésitant pas à faire des parallèles avec la communauté Afro-américaine. Une comparaison maladroite, serait-on tenté de dire, tant l’histoire et les conditions de vie sont diamétralement opposés. Faute de connaissance – et certainement d’intérêt majeur - les arbres à palabre deviennent improductifs et impropres à la…consommation.
Les «beurs» français ne sont pas les «blacks» américains. Et les «noirs» français ne ressemblent en rien à leurs homologues Outre Atlantique. Une fois de plus, la démarche simplifiée et les raccourcis de fortune constituent un frein à la clairvoyance (et entretiennent l’incompréhension chez l’opinion publique).
Une opinion publique qui ne sait plus «qui et que croire et que faire». Abreuvée par des paroles exprimées par les «intellos» de la place sur les différents supports médias – on retrouve souvent les mêmes personnes depuis des décennies - elle perd les pédales.
Entre discours populistes (avec le désormais célèbre «karcher») et les actions «coups de poing» pilotées par Brice Hortefeux (et les vols charters), il reste peu d’espace pour les voix modérées. Celles qui souhaitent prendre part à un débat posé et constructif. Les promoteurs d’un monde plus juste.
Opposer les communautés, c’est beaucoup plus simple que de créer les conditions favorables et concrètes «au mieux vivre ensemble». Cela permet d’entretenir un électorat, de surfer sur des hommes et des femmes en quête de repères sociétaux et de maintenir l’ordre (moral) établi. Tous les ingrédients pour mettre sous tension un territoire. Et l’hexagone en sait quelque chose.
Que va changer l’élection de Barack Obama en France? Peu de choses, fondamentalement sur cette question. La France a rougi, elle s’est sentie interpellée, mais elle ne peut pas réagir frontalement. Parfois, on veut, mais on ne peut pas. C’est peut-être le cas de la France.
«Vouloir, c’est pouvoir», disait un grand homme. Mais, vouloir, c’est accepter de voir le monde, tel qu’il est. C’est être convaincu qu’une seule race existe : l’humanité. Faire glisser le débat sur le terrain religieux, c’est un peu déterrer la hache de guerre, tant la conjoncture internationale est sensible.
Avec le recul, on pourrait interpréter le soutien massif (selon les instituts de sondage) des Français à Barack Obama (près de 80%), à des paroles que beaucoup de jeunes (et moins) jeunes issus de l’immigration ont entendu. «Toi, t’es intégré. T’es comme nous. C’est les autres qui posent problème». Comme si Obama, personne brillante et candidat… favori pour devenir le premier homme de couleur à accéder à la présidence des Etats-Unis répondait aux normes d’intégration à la française.
Et on voudrait transformer le monde avec un référentiel dépassé et qui a plombé des générations.