En 2011, les grèves au sein du ministère de la Justice et des Libertés ont coûté plus de 56 millions de dirhams au contribuable, rapporte L’Economiste dans son édition de ce matin. Et ça n’en finit pas! Depuis le début de l’année, les habitudes n’ont pas changés, les débrayages se multiplient. «Une nouvelle grève est annoncée pour les 17 et 18 avril, déclare avec regret Said Essofi, directeur des ressources humaines au ministère de la Justice et des Libertés».
Ces grèves multipliées, en plus de causer un dommage économique majeur, paralysent le système judiciaire. En effet, sur 3,5 millions d’affaires enregistrées en 2010, à peine 2,9 millions ont été jugées. Et bien sûr, le reste s’ajoute à celles des années précédentes dont le jugement n’a jamais été exécuté. Outre cela, les grèves ont même le mérite de dicter la loi. Qu’il s’agisse des convocations, des notifications ou des appels, les délais imposés par la loi ne sont pas respectés. Ces retards induisent que toutes les démarches doivent être reprises de nouveau une fois que l’arrêt du travail prend fin.
La solution de Ramid
Dans le projet de loi sur la grève, Ramid été clair : pas de travail, pas de salaire. Il préconise le prélèvement sur salaire des fonctionnaires du département de la Justice et des collectivités locales qui s'absentent sans justificatif. Le ministre avait anticipé sur les possibles revendications des mouvements syndicalistes en déclarant, avec preuves juridiques à l’appui, que «le prélèvement sur salaire des grévistes ne représente aucunement une violation des principes des libertés syndicales».
Cette proposition avait suscité le mécontentement de plusieurs : syndicaux, professionnels et même politiques. Mais le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, avait été ferme en mars dernier, affirmant que «le gouvernement est convaincu de l'impossibilité de continuer à exercer le droit de grève tout en bénéficiant de la rémunération pour les jours de débrayage». Un point de vue partagé par l’homme fort du parti de l’Istiqlal et secrétaire général de l’Union générale des travailleurs au Maroc (UGTM), Hamid Chabat. Pour lui, «il est illogique de recourir à la grève et d’exiger d’être payé, précisant qu’il s’agit là d’un acte militant».
La leçon française?
Aujourd’hui, au Maroc, la grève est devenu un moyen automatique que l’on utilise pour revendiquer ou essayé de se faire entendre. C’est le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane qui déclarait récemment que «la France a appris au Maroc à faire la grève». Mais les grèves faites au Maroc, ont-elles véritablement un écho auprès des autorités ?