Le procès en appel de Mohamed Hadfi, un Marocain de 33 ans, s’est ouvert le lundi à la cour d’assises d’Avignon dans le Vaucluse, apprend-on auprès de France Soir. L’homme a été condamné en 2007 à 30 ans de réclusion criminelle pour acte de torture et barbarie, après avoir arraché les yeux de son épouse.
Mohamed Hadfi et Samira Bari vivaient ensemble dans un quartier populaire de Nîmes, depuis un mariage arrangé entre leurs deux familles en 1997. Selon les témoignages de la femme, ne pouvant plus supporter les violences et la jalousie de son mari, elle a entamé une procédure de divorce. Dans l’après-midi du 2 juillet 2003, elle est retournée une dernière fois dans leur appartement commun. C’est alors qu’elle est tombée sur son époux. Face au refus de céder à ses avances, Mohamed Hadfi a énucléé sa femme. Il a été condamné en première instance à Nîmes, à 30 ans de réclusion criminelle sans peine de sûreté plus une interdiction définitive du territoire français.
A l’époque, ses avocats ont plaidé que l’accusé a agi dans un « accès de folie ». Mais Hadfi lui-même n’a jamais réellement pu expliquer son geste, qualifié par la défense de « barbarie ». Dans cette comparution en appel, l’avocat d’Hadfi réclame toujours un « débat juridique et sociologique».
Ainsi, Me Stéphane Simonin a affirmé le lundi à France Soir, « comment peut-on infliger la peine maximale à un homme qui n’a pas enlevé la vie ? ». Il a ajouté attendre « un vrai procès pour son client. En première instance, l’émotion a vraiment pris le pas sur le champ judiciaire. On a simplement considéré qu’un acte monstrueux mérite une peine monstrueuse ! ». L’accusé s’est pour sa part adressé dans une voix tremblante à son ex-femme meurtrie. « Je tiens à m’excuser des douleurs que j’ai provoquées, ça n’était pas vraiment moi ce jour-là ».
A son tour, Samira est passée à la barre, et la salle fut prise d’émotion. « Ce qu’il m’a fait, je ne l’avais vu que dans les films d’horreur. Il m’a volé le droit de voir mes enfants et il était bien conscient, malgré ce qu’il dit, de ce qu’il faisait. J’étais sa chose, son objet. ».
Décrit par un expert psychiatre comme « un homme à la dangerosité extrême en cas de sentiment d’humiliation », Mohamed Hadfi aura la parole ce mercredi, dernière journée du procès, avec comme mission difficile de se défaire de son image de « tortionnaire ». Samira Bari et son avocate attendent une confirmation du premier verdict mais, cette fois avec, une mesure de sûreté. Mohamed Hadfi avait échappé à la peine de sûreté de 20 ans en première instance.
Ibrahima Koné
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