Le mercure gagnera quelques degrés à partir d'aujourd'hui, assure la météorologie nationale. Mais de nouveaux drames dus au froid extrême ne sont pas à écarter.
Faut-il s'attendre à un temps plus clément à partir d'aujourd'hui mercredi ? Assurément, annonce la météorologie nationale, mais il ne faut pas non plus se faire d'illusions. A quelques jours de l'hiver, la température ne s'améliorera que de 3 à 4 degrés. Le temps sera certes ensoleillé, mais il fera toujours froid. Selon Mohamed Bellaouchi, chargé de la communication et des relations publiques auprès de la météorologie nationale, qui assure que les dernières pluies ont été bénéfiques. «Ce n'étaient pas des averses, mais une pluie fine et continue qui a eu le temps de s'infiltrer dans la nappe phréatique», explique Bellaouchi. Cela étant, des précautions sont à prendre. Les premiers concernés sont les pêcheurs artisanaux, qui espèrent renflouer leurs finances après une semaine d'inactivité due à Aid Al Adha. «La mer est très forte. Les vagues atteignent des hauteurs de 5 à 7 mètres sur le littoral atlantique. Il est absolument déconseillé aux pêcheurs de s'aventurer en mer tant qu 'elle ne s'est pas calmée», avertit Bellaouchi. Autre précaution, concernant cette fois-ci les gens qui empruntent les routes en direction des montagnes. La consigne est de s'équiper de «pneus neige» et de prévoir des chaînes pour les roues en cas de fort enneigement. Il faut également être vigilant vis-à-vis du verglas et se tenir informé de la situation météorologique avant de prendre la route. Les agriculteurs doivent, eux, penser à chauffer leurs serres dé culture. Jusqu'à présent, aucune alerte météorologique n'a été émise mais la direction de la météorologie nationale a publié des «bulletins spéciaux» qui appellent à la prudence dans les régions du Rif, du Moyen-Atlas, du nord de l'Atlas et de l'Oriental. La perturbation atmosphérique, accompagnée de la vague de froid qu'a connue le pays ces trois dernières semaines, a concerné particulièrement le nord et le centre du pays. Le froid qui l'accompagne s'explique par le fait qu'elle provient du Pôle nord et qu'elle transite par l'Europe. Selon la météorologie nationale, elle est en train de se déplacer vers l'est du pays et l'Oriental. Ce qui explique donc les citrates de neige importantes lundi et mardi dans la région d'Ifrane, et surtout à Azrou. «Nous n'avons pas connu une vague de froid et des chutes de neige de cette ampleur depuis vingt ans», déclare un habitant de cette localité.
Des chutes de neige ont même été enregistrées, fait rare, à Khénifra centre et sur des hauteurs qui ne dépassent pas les 850 mètres, selon Aziz Akaoui, responsable de la section Khénifra de l'AMDH (Associationmarocaine des droits humains). Le militant assure que les tronçons de route Azrou-Errachidia et Khénifra-Midelt étaient encore coupés, mardi 16 décembre en matinée. «Trois autocars remplis de voyageurs ont même été immobilisés lundi à cause de la route coupée», poursuit A. Akaoui. , poursuit le militant. Dans la région de Khénifra, la vague de froid est donc assez sévère. Des chutes de neige ont été enregistrées à moins de 1.000 mètres, ce qui reste assez rare. «Les travaux de déneigement ne concernent prioritairement que les routes principales. Celles conduisant aux douars enclavés sont, elles, complètement coupées. La population ne peut donc pas se fournir en bois de chauffage et en nourriture», explique le responsable de la section Khénifra de l'AMDH. «Au lieu de gaspiller l'argent provenant du cèdre dans des achats de luxe, les communes rurales devraient commencer par utiliser ces excédents pour aider les populations dans ce genre d'urgences», s'insurge le militant. Les habitants de ces régions n'ont plus qu'à espérer des conditions météorologiques clémentes.
L'Oriental
Il fait également très froid à Oujda. L'association Béni-Iznassen pour la culture, le développement et la solidarité tire la sonnette d'alarme sur les conditions de «survie» des immigrés subsahariens dans la région. «Le risque qu 'il y ait des morts se pose avec acuité. Ces populations vivent dans les forêts et s'abritent dans des tentes couvertes par du plastique. Aucune assistance ne leur est fournie», avertit Hicham Baraka, de l'association Béni-Iznassen. Que faut-il faire pour venir en aide à ces populations ? «Il faut penser à l'humain et investir dans les infrastructures de ces régions et non uniquement dans celles de l'axe Casablanca-Kénitra. Il faut aussi assurer de la nourriture, des couvertures et du bois de chauffage», résume Abdeslam Adib, président de la section Rabat de l'AMDH. De l'avis de plusieurs observateurs, le pays n'est pas à l'abri de cas de décès et d'importants dégâts dans l'infrastructure. A l'image de la tragédie d'Anfgou ou, plus proche dans le temps, le décès de cinq SDF à Béni Mellal, début décembre. Lundi 15 décembre, cinq personnes sont d'ailleurs mortes à Taza après l'effondrement de leur maison suite aux fortes pluies qu'à connues la région. Il s'agit d'un couple, de deux enfants (âgés de deux et quatre ans) et d'une des sœurs du mari. Le drame s'est produit à Oulad Ali Belhaj, une commune de la province de Taza. «A l'heure où je vous parle (mardi en matinée, ndlr), le climat est stable. Mais c'est le calme qui précède la tempête. lia beaucoup plu depuis ce week-end et les routes sont coupées», résume un ex-député USFP de la région. Selon ce dernier, la situation est préoccupante. «Les pouvoirs publics ne fournissent aucun effort préventif. Ils attendent qu 'une catastrophe se produise pour réagir», poursuit ce dernier. Selon nos sources sur place, deux régions à Taza courent un grand risque : la zone orientale (Guercif, Outat El Haj et Missour notamment), où les habitations en pisé menacent continuellement de s'effondrer dès que les précipitations dépassent la vingtaine de millimètres, ainsi que la zone montagneuse où le froid, conjugué à la difficulté de la population à s'approvisionner en nourriture à cause des routes coupées, risque de tuer une nouvelle fois.
Zakaria Choukrallah
Source: Le Soir Echos