Dominique de Villepin s'est inquiété lundi de la "forte augmentation d'actes racistes et xénophobes" en Corse et le Parti socialiste a reproché au gouvernement sa "mollesse" face à "l'escalade d'actes racistes" dans l'île.
Dans une interview au Républicain Lorrain, le ministre de l'Intérieur dénonce une "situation inquiétante" tout en soulignant que ce qui se passe en Corse "est le fait d'une infime minorité".
"Nous ferons preuve de la plus grande rigueur. Des interpellations auront lieu et je suis pour que les plus sévères sanctions soient adoptées", ajoute-t-il.
En visite dans la matinée à Thionville (Moselle), où il inaugurait un commissariat, Dominique de Villepin a affirmé que les enquêtes en Corse "avançaient".
"Des enquêtes sont en cours. Ces enquêtes avancent, progressent. Nous allons procéder au cours des prochaines semaines à des interpellations", a-t-il dit au cours d'un point de presse.
"Resituons les choses dans leur contexte. Nous avons depuis le début de l'année un accroissement des actes de racisme: 114 actes de racisme (contre 60 l'année précédente), une trentaine en Corse, c'est évidemment beaucoup trop et nous sommes mobilisés pour aller jusqu'au bout de chacun de ces actes", a-t-il précisé.
"Bien évidemment, ce qui se passe est inacceptable, c'est le fait d'une infime minorité d'individus, ce n'est pas l'esprit et ce n'est pas la vocation bien évidemment de cette terre de Corse, qui est une terre d'accueil, une terre d'hospitalité", a ajouté Dominique de Villepin qui s'est dit "heureux de voir que la mobilisation, c'est celle bien sûr des Corses eux-mêmes".
"Devant l'escalade d'actes racistes, voire de crimes racistes en Corse, le rôle du gouvernement doit être de rappeler avec force les lois de la République", lui a répliqué Annick Le Petit, porte-parole du PS.
"Molesse"
"Je m'étonne de la mollesse avec laquelle il s'exprime au risque de banaliser la violence et le crime. Les lois de la République doivent s'appliquer en Corse et le gouvernement est garant de leur application. Il semble manquer en cela d'une réelle volonté", a-t-elle ajouté lors de son point de presse hebdomadaire.
Se défendant de tout amalgame, le Parti socialiste a également dénoncé ce qui ressemble à une "corsification des emplois" dans le conflit de la SNCM, qui assure les liaisons maritimes entre la Corse et le continent.
"Le gouvernement doit s'expliquer de manière claire", a-t-elle dit.
Samedi, un demi-millier de personnes, dont les principaux élus indépendantistes et nationalistes, se sont rassemblés à l'université de Corte (Haute-Corse) pour protester contre les actes racistes qui se multiplient depuis plusieurs mois dans l'île.
Les participants, qui répondaient à l'appel d'Amnesty International, de la Ligue des droits de l'homme et du collectif antraciste Ava Basta, ont décidé l'organisation d'une manifestation régionale contre le racisme à Bastia, à une date qui sera fixée ultérieurement. Une motion condamnant les actes racistes sera soumise au vote de l'assemblée de Corse jeudi.
Juste avant la manifestation, dans la nuit de vendredi à samedi, le véhicule de fonction d'une employée du consulat du Maroc à Bastia a été la cible d'une tentative d'attentat à l'explosif. Vendredi à Ajaccio, le gérant d'origine marocaine d'une station-service a été assassiné mais la nature raciste de cet acte n'est pas établie.
Une trentaine d'attentats à l'explosif ont été recensés cette année contre la communauté maghrébine. Les graffitis "Arabi fora" (les Arabes dehors) se multiplient sur les murs des villes et sur les routes de l'île.
C'est à Ajaccio, Bastia et Porto-Vecchio, où la population immigrée représente de 13 à 20% de la population, que l'atmosphère est la plus délétère.
Le mouvement "Clandestini corsi", qui a revendiqué de nombreux actes racistes, a annoncé une trêve le 8 septembre tout en menaçant la Ligue des droits de l'homme et Ava Basta et en promettant de continuer à agir pour "la survie du peuple corse".
Source : Reuters