Ça va pas fort pour la tomate marocaine sur le marché européen. Les professionnels ne cachent pas leur inquiétude: le marché est jugé «morose», «déprimé», «pas très dynamique» ou encore «difficile».
En clair, des prix bas et une petite demande résument l’activité à l’export. Avec une tomate qui s’écoule en ce moment au prix d’entrée (soit près de 0,45 euro le kilo) les producteurs ne pourront gagner un centime, déplore l’Association professionnelle des exportateurs de fruits et légumes (Apefel). De tels montants couvrent à peine les frais d’approche. Les acteurs de la filière craignent que bon nombre d’agriculteurs se retrouve en situation d’endettement.
En fait, la tomate marocaine est malmenée sur ce marché depuis novembre (www.leconomiste.com). Quelques semaines après le début de la campagne (qui a démarré en octobre et qui s’achève en avril), les premiers couacs se font sentir. La cote de la tomate est en chute libre et les prix de vente aussi, explique l’Apefel.
A l’origine du problème, le moral des consommateurs qui influe sur le panier de la ménagère. Dans un souci d’économie, les Européens chercheraient les produits les moins chers, observe Mohamed Zahidi, secrétaire général de l’association. De même, l’Hexagone ayant bénéficié de températures plutôt clémentes pour la saison jusqu’en novembre dernier, la production de tomates est allée bon train et s’écoulerait en priorité (production d’arrière-saison qui fait baisser les prix), disent les acteurs de la filière. La marchandise marocaine exportée vers Perpignan, plateforme qui dispatche ensuite sur le marché local et européen, a même été bloquée à cette période par les commissionnaires car l’écoulement était jugé difficile, indique Zahidi. Et pas d’issue puisque la tomate marocaine n’a pu trouver d’alternatives auprès des grandes surfaces, explique la profession.
Autre point noir: le Maroc doit gérer la concurrence des pays voisins: Turquie, Espagne, Pologne, avec une tomate qui se vend entre 0,35 et 0,40 euro le kilo contre 0,45 à 0,7 euro environ pour la marocaine, «quand ça va bien.» Le pays ibérique a fait montre d’encore plus d’agressivité sur le marché, grappillant de sérieuses parts au fruit made in Morocco. Plus à l’Est, la Pologne, grand producteur de tomates, entre en force sur le marché.
Bilan: «On a commencé la campagne à des prix très bas», explique l’Apefel. Le fruit, dont le cours est extrêmement volatile, est même descendu à 0,3 euro/kilo par période. Du côté des agriculteurs, le tableau n’est pas plus rose.
«Les conditions climatiques au Maroc font que la campagne sera mauvaise», prédit Zahidi. Les pluies tombées ne seraient pas aussi providentielles que l’on veut bien le croire. Pour aller au-devant de problèmes phytosanitaires et prévenir les maladies, les producteurs ont dû mettre la main à la poche et investir dans des produits chimiques. Ce qui aura des répercussions sur les coûts de production, grogne un producteur de la région du Souss.
Céline PERROTEY
Source : L'Economiste