En Algérie, la promesse du Premier ministre d’accorder des cartes de séjour aux migrants africains s’est finalement avérée n’être qu’un leurre. Les véritables tenants du pouvoir au pays se sont ouvertement opposés à la politique d’ouverture annoncée il y a presque trois semaines par Abdelmajid Tebboune à l’égard des milliers de ressortissants africains présents sur le territoire algérien.
C’est le directeur de cabinet du président Abdelaziz Bouteflika et secrétaire général du Rassemblement national démocratique (majorité), Ahmed Ouyahya, qui a le premier dégainé son arme pour tirer à boulets rouges sur les migrants. «Ces étrangers en séjour irrégulier sont sources de crime, de [trafic de] drogue et de plusieurs autres fléaux», a-t-il affirmé dans une interview accordée à la chaîne locale, réputée proche du pouvoir.
Des déclarations immédiatement dénoncées par les organisations des droits de l’homme. Amnesty International fustige des propos «choquants et scandaleux qui alimentent le racisme et favorisent la discrimination et le rejet de ces personnes».
Messahel prend la relève et désavoue le Premier ministre
Faisant fi de la colère d’Amnesty International et d’autres ONG, le ministre des Affaires étrangères apporte son appui aux dérapages d’Ahmed Ouyahya. Abdelkader Messahel estime en effet que la présence de migrants en Algérie «constitue une menace pour la sécurité nationale».
Et d’ajouter, sans apporter les preuves de ce qu’il avance, que cette menace «émane d'une mafia organisée comprenant des Algériens, qui encadre les opérations de migration clandestine vers l'Algérie après la fermeture de l'accès libyen, du fait de la présence des forces étrangères et de représentants de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM)».
Messahel a précisé que son pays «n'a pas à recevoir de leçon d'aucun individu, organisation ou parti politique, et [que] ses enfants ont le devoir de le défendre».
Les positions d’Ouyahya et de Messahel sonnent comme un désaveu du pouvoir à la main tendue par Tebboune aux migrants africains, et à travers eux à leurs pays d’origine. Défendant sa nouvelle politique devant les députés, le Premier ministre a exhorté ses compatriotes à «ne pas tourner le dos aujourd'hui à ceux qui nous ont aidés hier». Un appel qui n’a pas eu d’écho auprès du pouvoir.