Ouvrir son commerce sur Internet, pourquoi pas ? Il faut dire que l'idée est séduisante : la boutique, affranchie des frontières géographiques, est ouverte 24h/24, sept jours sur sept, vacances et jours fériés compris. D'autant que le commerce électronique réduit considérablement le coût associé à la commercialisation, au service à la clientèle, au traitement et au stockage de l'information et à la gestion des stocks. En somme, pas besoin d'être un fin calculateur pour savoir qu'en ligne, les bénéfices peuvent facilement gonfler. Les plus réticents argueront qu'on ne peut pas tester le produit ; d'autres leur répondront que certains sites d'achat suggèrent des tests gratuits.
High-tech, chaussures, vêtements, accessoires de mode, électroménager : dans d'autres contrées, nombreux sont les ménages à chanter les louanges de ce nouveau mode de consommation. A titre d'exemple, les Français ont dépensé 64,9 milliards d’euros sur Internet en 2015, un chiffre en hausse de 14,3 % sur un an, d'après la Fédération e-commerce et vente à distance (Fevad). En 2014, ce syndicat estimait à 1 462 milliards d'euros le chiffre d'affaires de ce secteur dans le monde, dont près de 424 milliards en Europe.
Un Marocain sur deux possède un abonnement Internet
Où en est-on au Maroc ? «Rarement un nouveau secteur aura transformé aussi fortement les habitudes de consommation que le commerce électronique au cours de ces dernières années», observe Jumia Market, premier site d'achats en ligne marocain, dans une étude sur les tendances e-commerce au Maroc en 2015. Cette fièvre du e-shopping commence donc à prendre racine au royaume, qui compte plus de 14,4 millions d’abonnés Internet, soit une croissance trimestrielle de 4,12 % et annuelle de 45,16 %, selon le dernier rapport en date de l'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT). Le taux de pénétration Internet se serait établi vers la fin de l’année 2015 à 42,75 %. Comprendre par là que près d’un Marocain sur deux disposerait d’un abonnement Internet et que la communauté d’internautes s’élèverait à plus de 19 millions d'individus au royaume.
Les sites marchands ont ainsi été gâtés l'an dernier : ceux affiliés au Centre monétaire interbancaire (CMI) ont réalisé 2,5 millions d’opérations de paiement en ligne via des cartes bancaires, marocaines et étrangères, pour un montant global de 1,33 milliard de dirhams durant l’année 2015, en progression de 22,5 % en nombre et 12,4 % en montant par rapport à l’année précédente.
Une clientèle jeune et technophile
La sauce prend, donc. Côté profil, les principaux e-consommateurs se situent surtout dans la tranche d'âge des 25-34 ans, remarque Jumia Market, respectivement suivis par les 18-24 et 35-44 ans. Avec un taux de 58 %, les hommes sont les principaux utilisateurs, contre 42 % pour les femmes. «S'il persiste un écart lié au genre parmi les utilisateurs des plateformes de commerce électronique marocaines, il n'en demeure pas moins que le taux de conversion moyen entre les deux sexes est à peu près semblable.» Au niveau des tendances géographiques, celles-ci font état de transactions surtout concentrées à Casablanca (39 %), Rabat (18 %) et Marrakech (10 %). Agadir et Fès occupent la quatrième et cinquième position.
Les tendances liées aux affinités, elles, traduisent un intérêt particulier porté au septième art. Les cinéphiles pointent en tête du podium avec 7 % de l'activité totale du commerce électronique dans le pays. Les technophiles se situent en deuxième position (6,5 %), suivis des amoureux du sport (6 %), des accros aux actualités (5,5 %) et des fans du petit écran (5 %).
D'énormes potentialités qui méritent d'être exploitées. La Fédération nationale du e-commerce (FNEM) l'a d'ailleurs compris. En février dernier, elle avait annoncé le lancement de son «Guide e-commerce», une publication qui vise à accompagner les cybermarchands et tout porteur de projet d’une boutique en ligne, dont l’objectif est d’accroître leur visibilité et leur rentabilité sur la Toile. «Ce n’est pas tout, plusieurs autres Guides suivront, avec un focus sur la logistique et le paiement électronique», précisait El Amine Serhani, président de la FNEM. Ce dernier de conclure : «De nombreux petits e-commerçants ont leur place sur le web. Vous en faites peut-être partie mais vous ne le savez pas encore».