La participation du Maroc à la Coupe du monde de 1998 n’a pas été qu’un mauvais souvenir. La déception des Marocains qui ont vu les Lions de l’Atlas éliminés dès le premier tour, malgré leur prestation honorable et leur victoire sur l’équipe écossaise, a été comblée par une autre présence. Le 12 juillet 1998 au Stade de France à Saint-Denis et devant 80 000 spectateurs, le match de la finale entre le pays hôte et le Brésil a été dirigé, pour la première fois, par un arbitre marocain.
Né le 30 août 1956 à Tifelt, Said Belqola était un passionné du ballon rond et évoluait en tant que gardien de but au Wydad de Tifelt (WAT). Une passion qui ne l’a pas empêché de poursuivre ses études. Il a ainsi été diplômé de l’université et a travaillé en tant qu’inspecteur à l’Administration des douanes et impôts indirects. En parallèle, Said Belqola intègre l’Institut national d’arbitrage en 1983 et devient, 7 ans plus tard, arbitre au sein du championnat national.
Plusieurs matchs nationaux et continentaux avant le Mondial
En 1993, l’arbitre marocain décroche sa licence internationale pour diriger des matches hors du territoire marocain. Il dirige alors son premier match avec le Sénégalais Goure et le Ghanéen Furad à la Coupe des clubs champions africains. Deux ans plus tard, Said Belqola est appelé en Malaisie pour diriger les qualifications asiatiques pour les Jeux olympiques d'Atlanta.
Après s’être fait un nom, l’arbitre est appelé à diriger la finale de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) de 1998. Un match ayant opposé l'Égypte et l'Afrique du Sud. A Ouagadougou au Burkina Fasso, les Pharaons sortiront gagnants par deux buts à zéro.
La même année, l’arbitre est choisi par a Fédération internationale de football association pour le Mondial 1998 en France. Il dirige alors, avec brio, le match Allemagne - États-Unis (2-0) du 15 juin 1998 à Paris puis celui entre l’Argentine et la Croatie (1-0), du 26 juin 1998 à Bordeaux. Après l’élimination des Lions de l’Atlas du premier tour, Said Belqola est annoncé pour le match final France-Brésil. Une annonce qui ne manquera pas de soulever des interrogations chez les Brésiliens, d’autant plus qu’ils étaient accusés d’avoir fait exprès de perdre pour priver le Maroc de son ticket de passage au deuxième tour au profit de la Norvège.
Une inquiétude qui ne changera pas le choix de la FIFA. Le 12 juillet 1998 au Stade de France à Saint-Denis, il dirige alors le match France-Brésil, sous les yeux de Joseph Blatter, alors président de la FIFA et Jacques Chirac, président de la République française. Dans une déclaration à la presse, Said Belqola avait confié, sur un ton ironique : «Avec le coup de sifflet, je pensais que le nombre de joueurs brésiliens dépassait 11 joueurs sur le terrain. Grands de taille, il m'a fallu quelques minutes pour m’assurer qu’ils n'étaient que 11.»
Une finale mémorable entre la France et le Brésil
L'arbitre marocain dirige alors la rencontre avec tact et rigueur, tel un inspecteur des douanes. Sa forte personnalité jouera en sa faveur. Said Belqola gardera aussi son sang-froid, durant le match, face aux pressions des supporters français et brésiliens. D’ailleurs, il n’hésite pas à distribuer plusieurs cartons jaunes durant la rencontre et va même expulser l’international français Marcel Desailly, à la 68e minute suite à une faute grave. Une décision que l’équipe de France ne contestera pas. Finalement, la Coupe du monde est remportée par la France par 3 buts à zéro.
Le travail accompli par Belqola lui vaut des salutations des joueurs des deux équipes à la fin de la rencontre et des félicitations du président de la FIFA. En rentrant au Maroc, Said Belqola est alors reçu en audience et décoré par feu le roi Hassan II. Il est également élu meilleur arbitre arabe pour l'année 1998 et reste le seul arbitre du monde arabe à avoir dirigé une finale de la Coupe du monde.
L’arbitre marocain a également été contacté par la Fédération japonaise pour un contrat portant sur la formation des arbitres japonais pour une période de trois ans (2001-2004). Entre 2000 et 2001, il travaille alors comme conseiller et consultant de la fédération du Japon de football et dirige même quelques matchs du championnat japonais. Toutefois, la maladie obligera le Marocain à regagner son pays en 2001.
Said Belqola tire sa révérence le 15 juin 2002 à l'âge de 45 ans des suites d'une longue maladie à l'hôpital militaire Mohammed V à Rabat.