Le discours sur l'état de l'Union présente un programme et une vision
d'avenir (Le discours du 2 février de M. Bush sera diffusé en direct à travers le monde.) (820)
Washington - Le discours sur l'état de l'Union que le président Bush prononcera le 2 février 2005 devant le Congrès des Etats-Unis réuni en séance plénière sera diffusé en direct à la télévision et sur l'internet à la nation américaine et au monde entier.
Le devoir constitutionnel du président des Etats-Unis de rendre compte « de temps en temps » au Congrès de « l'état de l'Union » a évolué au fil des ans pour devenir un discours annuel servant un triple objectif : faire le bilan de la situation des Etats-Unis sur le plan tant intérieur qu'international, recommander un programme législatif pour l'année et présenter à la nation une vision d'avenir.
Dans son discours de 2004, M. Bush a abordé un certain nombre de dossiers tant nationaux qu'internationaux : la guerre antiterroriste, l'intervention des Etats-Unis en Afghanistan et en Irak, la sécurité intérieure, la santé et l'enseignement. Le président a saisi cette occasion pour souligner l'engagement des Etats-Unis en faveur de la démocratie et de la liberté dans le monde entier : « L'Amérique est un pays imbu d'une mission, qui reflète ses convictions les plus profondes », a-t-il déclaré lors de ce discours. « Notre but est la paix démocratique - une paix fondée sur la dignité et sur les droits de chaque homme et de chaque femme. »
La tradition du discours sur l'état de l'Union remonte à l'année 1790, lorsque le premier président, George Washington, prononça son « Message annuel ». Washington et son successeur John Adams firent leur discours en personne dans le cadre d'une cérémonie empreinte de pompe et de dignité.
Le troisième président, Thomas Jefferson, estimant que de tels étalages ne seyaient pas à la nouvelle république démocratique, se contenta d'une déclaration écrite. L'influence de Jefferson fut telle que pendant plus de cent ans les présidents successifs délivrèrent au Congrès des messages écrits.
Pendant les premières décennies de la république, la plupart de ces « messages » se bornaient à présenter une liste de propositions de loi que le président souhaitait promulguer. Ce style cadrait avec les traditions établies et convenait aux problèmes pratiques que posait la construction de la jeune nation américaine. On y trouvait aussi une analyse de la situation internationale et de la place des Etats-Unis dans le monde.
Au cours de la guerre de Sécession qui, plus profondément que toute autre crise, ébranla l'Union jusque dans ses fondements, Abraham Lincoln rédigea un message qui demeurera sans doute parmi les plus éloquents et les plus mémorables de tous : « En donnant la liberté à l'esclave, nous préservons celle de l'homme libre : action honorable aussi bien pour ce que nous donnons que pour ce que nous préservons », écrivit-il en 1862.
En 1913, Woodrow Wilson renoua avec la pratique du discours prononcé en personne. Cette décision arrivait à point nommé car les Etats-Unis abordaient une période de révolution des communications qui permettrait bientôt d'amener la voix du président dans chaque ménage, d'abord par la radio, puis par la télévision.
De fait, lorsque Franklin Delano Roosevelt accéda à la présidence en 1932, les Américains étaient déjà accoutumés à entendre leur président sur les ondes ainsi qu'à le voir sur le grand écran, dans les films d'actualités.
En 1945, le « Message annuel » fut rebaptisé « Discours sur l'état de l'Union ». Il ne tarda pas à devenir l'un des grands moments de l'actualité tant télévisée que radiodiffusée, surtout lorsque la vente des téléviseurs monta en flèche dans les années 1950. Conscient de l'immense pouvoir qu'avait la télévision de transmettre les paroles du président à un auditoire énorme, Lyndon Johnson décida de prononcer son discours non plus en milieu de journée, comme c'était la tradition, mais le soir, à l'heure d'écoute maximale.
La tradition du discours de l'opposition politique débuta en 1966, lorsque deux députés républicains, dont l'un était le futur président Gerald Ford, prononcèrent une riposte télévisée au discours du président Johnson.
La télédiffusion du discours sur l'état de l'Union à la nation et à un vaste auditoire à l'étranger (43 millions de personnes auraient assisté au discours de M. Bush en 2004) a profondément modifié le contenu du discours, affirment les politologues.
« A mesure que l'auditoire s'est élargi, déclare le politologue Paul Light, le discours, qui prenait parfois l'allure, jadis, d'une longue péroraison, est devenu un événement politique majeur », où l'auditoire principal n'est plus simplement le législateur, mais aussi l'électeur américain et les observateurs étrangers.
Ce sera certainement le cas lorsque le président Bush prononcera le premier discours sur l'état de l'Union de son second mandat, le 2 février au soir. Ce sera le 216e discours annuel et le 72e prononcé en personne. Bien qu'il se concentrera vraisemblablement sur les questions intérieures, les auditeurs tant américains qu'étrangers seront sans doute attentifs à son contenu qui se voudra l'énoncé d'une vision d'avenir pour l'année à venir et au-delà. Article retransmis par :acharif moulay abdellah bouskraoui.