Salut, journaux de l’opposition Salut à vos scarabées sur Athènes la noire Salut à toi, ô Dât al-Nitâqayn ,femme à croupe lourde, A l’instant où, descendant du char, tu trébucheras, je te porterai aux urgences de Sindbad et tandis qu’ils banderont ta cheville je poserai tous mes rêves sur le gras de ta jambe
Voici ce qu’il en est, madame: j’ai abusé de la chronique pour distiller un message disant: « j’ai entre mes flancs de la chair et du sang » Et j’ai toujours abusé dans le drame de la fondation du foyer familial pour donner l’impression que le dynamisme faisait bien partie de mon passé On avait tant mis de pansement sur la plaie cependant, il n’est guère difficile de se trancher la veine une seconde fois.
Il suffit d’attendre le moment où les soi-disant experts qui excellent dans la maîtrise du cancer seraient occupés à l’annonce de leurs dix commandements: Sois soumis au tyran, cela est meilleur pour le tyran Enferme ton âme dans une urne en céramique, Dieu est le plus grand des céramistes Dépouille ton corps de son essence, nous t’accorderons l’existence le jour du Jugement dernier Efforce-toi plutôt à lécher les bottes à toute l’escouade des directeurs des journaux nationaux pendus aux basques du Sultan Prudence, audace et générosité sont l’œuvre de Satan Courbe ta tête et laisse passer la tempête, les meilleures têtes sont les plus courbées.
Les femmes sont des sexes épars sur le chemin de l’homme pieux Maudites soient les chevelures éployées qui paradent, vous les verrez cuirassés en flammes le jour du Jugement dernier N’étanche pas ta soif à l’eau des égarés : la loi est hostile à la poésie.
La répression est le pilier de la vertu Voici ce qu’il en est madame: Sur l’ample bassin, j’ai vu les pointes de suture, alors j’ai crié : Pas de curette pour le fœtus qui commence à se former dans le ventre de sa mère, et nous n’admettrons pas qu’il soit expédié à la banque des organes, car nous ne voulons pas d’une inoculation de sperme dans les eaux Elle avance comme une histoire d’amour comme un épisode à l’aube de l’Islam comme l’apprentissage d’une langue Il y a là un mouchoir, et je n’arrive pas encore à sécher ses larmes.
Il y a des adverbes de négation que nous n’avons pas encore brandis pour notre défense Il y a des ossements non encore réduits en poussière pour que nous puissions leur redonner vie
La mémoire, mon cher, siffle dans les tréfonds, alors que ma question, à moi, est: les chirurgiens peuvent-ils, à leur tour, être opérés ? Et, comme on dit, mon cher, les meilleurs sont les hommes élus par Dieu Nous nous attendions à la haine et nous avons eu l’affection Nous avons flairé les suspicieux et nous avons trouvé la bienveillance.
Nous avons débuté dans l’horreur passagère et nous voici dans une horreur définitive!
Elle avance comme le souvenir de Nagui al-’Illi comme une enquête sur la troublante expédition française comme un problème sur le point d’être résolu La femme qui a tailladé ses seins à coups de canif pour échapper aux lois masculines, c’est elle que je salue ici!
je te salue ô charî’a je vous salue droits je te salue montagne de vices La mère t’indiquera une phrase dépourvue de passé composé: les assassins sont au nombre de cent En tête il y a le docteur de la loi, en dernier le consul corrompu! et quatre vingt dix neuf entre eux deux:
Le rapace, l’imposteur, le lèche-bottes du pouvoir, le perfide, celui qui verrouille l’avenir d’une belle femme dans un flacon de fiel, le courtier, le spéculateur de l’immobilier, l’huissier du tribunal d’al-Guiza, l’arriviste, le caniche de la première dame, le flic, le falsificateur de la facture d’électricité, l’accro de la télé, le chausseur de grandes personnalités, celui qui joue avec les comptes de l’establishment.
le complice des marchands de béton, celui qui court après les honneurs, le comploteur, l’opportuniste, le plaignant sans réclamation, le grippe-sou dont la main enchaînera le cou, l’indic, le brodeur des décrets inhibiteurs, leur exécuteur, leur législateur au service des inhibés, le percepteur.
le chauffeur de taxi pour les soirées, le représentant de Dieu sur terre, le concessionnaire de Mercedes, le prêt-à-servir en toute occasion, l’acolyte, le gouverneur despote et le gouverné soumis, le mufti accusateur d’apostasie, l’architecte de la bibliothèque familiale, le voleur du patrimoine égyptien, le médiateur, celui qui conçoit la beauté comme objet de prostitution.
celui qui se prosterne témoignant reconnaissance à la défaite du 5 juin, le tuteur des pauvres, le suiveur, le xénophobe, le maquereau du Général, le bluffeur des gens simples, le serviteur obséquieux des directeurs, le détracteur des poètes, celui qui met la joue de sa dignité sous le soulier de ses ambitions.
Le falsificateur du droit, l’enseignant de philosophie du Caire, le collectionneur de comptes bancaires, l’usurier du clan, le dominateur déguisé en ange, le machiavélique, le simulateur, le conseiller du contrat de soumission, le rhétoricien de la hausse des prix, le falsificateur de la pensée orientaliste dans les journaux réactionnaires, le suiveur, le suivi, celui qui reste figé dans l’ombre de la tradition, l’imitateur, le débauché, le faiseur de vers, le renégat.
celui qui infecte de poison les repas de la cantine d’une école, le maniéré, le gominé, le sournois, l’escroc, l’ermite, le conspirateur, le fourbe, le chef du gouvernement, le voleur de livres, le voleur de l’âme, le voleur de la vie, celui qui ravit sa jeunesse à la femme, le cueilleur du thé, l’architecte des immeubles démolis, l’avocat des coulissiers, le pédophile, le spéculateur, le commissionnaire des littérateurs régionaux, le protégé des intendants, le retors, le stressé, celui qui défend bec et ongles ses intérêts, le suspect, l’associé des suspects, le minable, le mesquin.
Salut, assassins Salut à votre béton armé Salut à vos yeux ulcérés par l’insomnie Ce n’est point toi la vaincue, fille de grammairienne Tant que les autres n’ont pas encore compris la différence entre plume et plumard, ils emmèneront la marchandise qu’ils auraient emballée clandestinement tout en invoquant la bénédiction des parents Les oiseaux ont quitté les cages Et c’est d’ici qu’on commence à examiner le niveau de civilisation On peut bien comprendre ce qui fait défaut dans les créatures d’argile.
On peut aussi comprendre comment un échec peut produire des entrepreneurs de groupes Mais nous ne pourrons pas comprendre: Pourquoi les avant-gardes trouvent-elles plaisir à tuer ? Voici ce qu’il en est madame, sachant que tu es bien en sécurité, je dis: Sur tes seins surgiront des noms de prophètes, Adnân, Abraham, Joseph, et nous verrons les fourreaux des épées se changer en crayons khôl et les esclaves en amants.
Elle avance comme les meubles du palais al-Jawhara comme l’antonyme de janissaire comme un fantassin et moi, je cherche à établir un rapport entre les membres de son corps et les miens en chantant: « tu as les yeux d’un noyé quelque chose s’y éteint pour lancer l’étincelle Sur mes mains un sang coule et un autre fait couler »
Les oiseaux ont quitté les cages Et c’est d’ici qu’on commence à examiner le niveau de civilisation nous dirons « vous êtes libres ! » à ceux-là qui confondent allégorie et ergoterie pour qu’ils dorment une nuit avant l’heure du coucher, puis nous irons affermir le rapport entre texte et sexe Et pour que tout ce que j’ai dit ci-dessus prenne le sens de ceci: salut à toi, écriture salut à ton sceau brisé salut à toi République!