Un rapport du Pentagone révèle l'aveuglement du raïs irakien, sûr de sa victoire. Les rêves brisés de Saddam
Par Christophe BOLTANSKI jeudi 30 mars 2006
ette histoire pourrait s'appeler Saddam au pays des merveilles. Elle permet de dissiper les mystères qui entourent l'effondrement brutal de son régime. Pourquoi les forces de la coalition ont-elles pu aller jusqu'à Bagdad sans rencontrer de véritable résistance ? Pourquoi le dictateur irakien a-t-il multiplié les erreurs et entretenu si longtemps le doute sur des armes de destruction massive qui n'existaient plus ? Pourquoi ? Parce que l'homme était coupé de la réalité et plongé dans un univers imaginaire.
Armada. Selon une enquête du Pentagone, Saddam Hussein croyait à ses propres rodomontades. Il ne prenait pas les menaces de George W. Bush au sérieux et, même dans l'hypothèse d'une guerre, était persuadé d'en sortir victorieux. Telles sont les conclusions d'un rapport de plus de 200 pages intitulé «Etude sur les perspectives irakiennes, le point de vue du leadership de Saddam sur l'opération Iraqi Freedom». Ses auteurs ont épluché des milliers de documents officiels et interrogé des dizaines d'anciens hauts responsables civils et militaires irakiens. Ils affirment qu'à la veille des hostilités, alors que les Etats-Unis massent une armada dans le Golfe, Saddam redoute un coup d'Etat, un nouveau soulèvement chiite, voire une agression de ses voisins iraniens ou turcs, mais pas une attaque américaine. A la veille de l'invasion, «on était plus préoccupés par la Turquie et l'Iran», déclare le directeur général des renseignements militaires.
L'une des raisons de cet incroyable aveuglement tient à une erreur de calcul. Saddam compte sur Paris et Moscou pour bloquer une intervention militaire aux Nations unies, selon son ancien vice-Premier ministre, Tarek Aziz. «L'Irak avait accordé des millions de dollars de contrats à la France et à la Russie, raconte ce dernier. Les Français voulaient obtenir la levée des sanctions afin de préserver leurs intérêts commerciaux et montrer qu'ils avaient encore du pouvoir en agitant leur veto au Conseil de sécurité.» Son maître est aussi convaincu que les Américains n'oseront jamais l'attaquer. Il s'appuie sur le précédent du Kosovo pour écarter la possibilité d'une offensive terrestre. Au pire, estime-il, les Etats-Unis procéderont comme par le passé à des raids aériens. Il ne cesse de vanter la supériorité morale de ses troupes. Pour preuve de la couardise de l'Amérique, il aurait distribué à ses lieutenants des copies de Black Hawk Down, le film de Ridley Scott sur les déboires des Marines en Somalie.
Isolée, cloisonnée, maintenue dans le soupçon et la terreur, la direction irakienne partage les illusions de son chef. Un haut responsable de la milice du Baas avoue avoir été estomaqué en apprenant, début avril 2003, que des blindés américains venaient de pénétrer dans Bagdad : «Je n'avais pas idée qu'ils étaient près de la ville.»
Saddam vit dans un monde enchanté. D'après Tarek Aziz, «il a perdu pied avec la réalité dans les années 90». Il a une confiance quasi mystique dans son propre génie. L'un de ses proches, qui le décrit comme un grand penseur, explique que ses rêves constituent une de ses principales sources d'inspiration. Ses délires oniriques deviennent au petit matin des diktats, qui ne peuvent être mis en doute sous peine de mort.
A la longue, son entourage ne lui transmet plus que des bonnes nouvelles. Son secrétaire donne comme instruction à ceux qui l'approchent : «Vous devez le rendre heureux.» Le matériel militaire, bringuebalant après douze ans d'embargo, est déclaré en «bon état», voire en «parfait état». Jusqu'à la fin, il continue de recevoir des communiqués triomphaux. «Dire la vérité n'était pas votre intérêt», explique un officier. Pour avoir osé suggérer que les Américains disposaient de tanks meilleurs que les siens, un général fait un an de prison. La commission de l'industrie militaire lui promet des armes secrètes, qu'elle est incapable de produire. Quand le raïs vient aux nouvelles, on lui fournit des documents tronqués sur des programmes qui n'existent pas.
Choix guerriers. Toujours d'après le rapport, la Russie a fourni à Saddam des renseignements sur les plans de l'ennemi au début de l'invasion. Son ambassadeur à Bagdad, citant des «sources au sein du commandement central américain» au Qatar, aurait informé les Irakiens d'un changement de tactique et de mouvements de l'US Army. Moscou nie farouchement et crie au procès politique. Même si l'accusation est fondée, Saddam Hussein ne semble pas en avoir fait grand usage. Car ses choix guerriers n'obéissent pas à des logiques militaires. A cause de son obsession du putsch, ses troupes sont disposées selon leur degré d'allégeance supposée au régime. Il garde près de lui les troupes les plus fidèles et expédie les éléments les moins sûrs près des frontières. Seule la Garde républicaine spéciale est admise dans la capitale. Un dispositif qui rend impossible la transformation de Bagdad en un nouveau Stalingrad. Les officiers ne sont même pas autorisés à avoir des cartes de la ville. En outre, aucune coordination des forces n'est possible. Pour Saddam, deux officiers qui se concertent sont des mutins.
Arsenaux clandestins. Le 18 décembre 2002, soit trois mois avant la guerre, il impose à ses généraux un nouveau système de défense replié autour de Bagdad qui ne prend en compte aucune donnée géographique et s'effondrera en deux jours de bombardements. Convaincu que son régime survivra aux combats, il n'engage pas son aviation et refuse le sabotage des puits de pétrole, qui font la fortune du pays. Il ordonne aussi de disperser des arsenaux clandestins, non pas, selon le rapport, pour armer de futurs insurgés, mais encore une fois dans la perspective d'une guerre longue.
Le 30 mars, son secrétaire demande au ministère des Affaires étrangères de faire savoir aux autorités françaises et russes que l'Irak n'acceptera qu'un «retrait sans condition» des forces coalisées. «L'Irak est en train de gagner et les Etats-Unis s'enfoncent dans la défaite», proclame le message. A cette date, les colonnes américaines se trouvent à 150 km de la capitale irakienne. Neuf jours plus tard, c'est la prise de Bagdad.
J'ai revu dernierement des images relatives a l'arrivée au pouvoir de Saddam, une sorte de réunion ou il a officialisé sa prise du pouvoir et envoyé (ad nutum) plein d'opposants politiques et meme ses propres partisans au poteau d'execution. J'ai adoré le moment ou il a allumé son cigare, et balayé d'un revers de main d'un dedain parfait, toute possibilité de discussion.
Pantin parmis tant d'autres et en pantin il a fini, terré dans une trou de taupe !
Tout ca pour dire quoi ?
Ce n'est ni la religion ou la politique qui peut repondre , l'economie oui.
L'equation fondamentale du capitalisme tel qu'on le pratique depuis le debut du siecle dernier comporte une erreure de taille : le faible coût de l'energie.
Question : un energie fossile est par definition une energie finie, ou si vous preferes, un ressource rare. comment alors decreter que son prix doit être quasi marginal dans la création de richesse ?
Folie.
Ce postulat, a permis l'enrichissement de l'occident en son entier. le petrole brut ne genere qu'une faible valeur ajoutée , les produits manufacturés si (comparez le prix d'une tonne de petrole a une tonne de puces intel, le prix n'est pas le meme)
Maitenant que le petrole commence a se faire rare ( allez lire les rapports financiers des grands petroliers, vous verrez qu'à part BP, aucune n'a renouvellé ses stocks !), il faut preservez les sources encore existantes, les controler plutôt !
Les Français ont tenté de mettre la main sur le petrole irakien en signant des accords d'exploitation avec Saddam pendant l'embargo, la reponse des americains a été de mettre fin au regime de Saddam, de telle sorte que les accords, ambargo ou non, soient caduques !
La liberté du peuple irakien n'est pas rentré une seconde en ligne de compte, sinon le Bush pere aurait poussé jusqu'à bagdad lors de la premiere guerre !
Tant qu'on aura du pétrole au moyen orient, ce sera la chienlit, il n'y aura jamais de dirigeant normalement élu et qui fait son boulot en tenant compte des interets de son peuple.
ALors Saddam, ou un autre, ce sera la meme chose . Wait and you'll see.