A l'heure de la mort, que nous restera t'il de tous les plaisirs auxquels nous avons goutté, et de toutes les douleurs que nous avons supporté ? En vérité, chaque croyant veut se repentir et revenir à Dieu, mais il repousse et ajourne.
Moi-même je disais : lorsque j'accomplirai mon pèlerinage je me repentirai et je reviendrai à Dieu. Puis j'ai accompli le pèlerinage et je ne me suis pasrepenti, fa je disais : lorsque j'aurai quarante ans, je me repentirai et je reviendrai à Dieu. Je les ai eus et je ne me suis pas repenti. J'ai dépassé la soixantaine et je ne me suis pas repenti. J'ai vieilli et je ne me suis pas repenti. Cela ne veut pas dire que j'accomplis les interdits et les turpitudes, non, par la Grâce de Dieu. Cela signifie que l'homme espère pour lui la sainteté, mais il ajourne, il pense que la vie est longue et puis voilà la mort qui le frappe brusquement. Moi-même j'ai vu la mort à deux reprises. J'ai connu le sentiment de la mort. J'ai regretté chaque minute écoulée en dehors de l'adoration de Dieu. Eh oui, par Dieu, lorsque j'ai survécu, je suis resté sur ce sentiment plusieurs mois. Je suis devenu un saint. Puis de nouveau je me suis plongé dans les tribulations de la vie. J'ai oublié... j'ai oublié la mort.
Tous nous oublions la mort. Nous voyons chaque jour des morts, mais pensons que nous ne mourrons pas. En pleine prière du mort, nous pensons à la vie d'ici-bas, chacun d'entre nous pense que la mort est inscrite sur tous sauf sur lui-même. L'homme sait pertinemment que cette vie le quittera et qu'il la quittera. Quoi que l'homme vive, il mourra. Qu'il vive soixante ans, soixante dix ans ou cent ans, ne s'épuisent-ils pas ? Si la mort est inéluctable, pourquoi ne pas y réfléchir et s'y préparer. Celui qui a un voyage dont la date n'est pas fixée, ne s'y prépare t'il pas afin de répondre dès qu'on l'appelle ?