L'histoire suivante nous est racontée dans le livre Tartib al-Madarik wa Taqrib al-Masalik du Qadi ‘Iyad (volume 2, p. 54) au travers de la narration qu'en fait ‘Abdullah ibn Yusuf at-Tanîsî, qui était présent lors de cette histoire et qui est un des célèbres compagnons de l'Imâm Malik :
At-Tanîsî a dit :
Nous étions avec Malik alors qu'il été entouré de ses compagnons, quand un homme, des gens de Nasibîn, dit : Ô Aba Abdillah (c-à-d. l'Imam Malik), nous avons des gens appelés Soufis, qui mangent beaucoup, puis récitent de la poésie, se lèvent et dansent.
Malik dit : Sont-ce des enfants ?
L'homme répondit : Non.
Il demanda alors : Sont-ils fous ?
L'homme répondit : Non, ce sont de grandes personnes et en plus saines d'esprit !
Malik dit : Je n'ai jamais entendu parler de quelqu'un des gens de l'Islam qui ferait une telle chose.
L'homme ajouta : Ils mangent, puis se lèvent et dansent, certains d'entre eux se frappent la tête et d'autres se giflent le visage.
L'Imam Malik se mit à rire, puis se leva, et entra dans sa maison. Les compagnons de l'Imam Malik dirent à l'homme : « Tu es un malheur pour notre compagnon, nous nous sommes assis avec lui pendant trente et quelques années et nous ne l'avons jamais vu rire jusqu'à ce jour ! »
Ibn Al-Jawzi rapporte la même histoire dans son « Talbîs Iblîs », page 392, par le biais de 'Abdel-Malik Ibn Ziyad An-Nasîbî qui a dit :
Nous étions avec [l'Imam] Malik lorsque je lui parlai des Soufis de mon pays, je dis : Ils portent les habits les plus luxueux du Yémen, et font telle et telle chose. Il dit : Malheur à toi (c'est une expression arabe), sont-ils Muslims ?! Il rit ensuite jusqu'à s'étendre sur le dos. Un de ses compagnons qui était assis avec lui me dit : Ô toi, nous n'avons pas vu de calamité plus grande que toi sur ce Sheykh [l'Imam Malik], c'est la première fois que nous le voyons rire.