La presse marocaine, parue mardi, a accusé les organisateurs du festival international du cinéma d’Alexandrie, en Egypte, de censure après la déprogrammation à la dernière minute du long métrage marocain « Whatever Lola Wants » (Tout ce que Lola désire).
Prévu au prestigieux festival d’Alexandrie, qui se tient du 26 au 30 août, le film marocain de Nabil Ayouch a été déprogrammé in extremis pour être remplacé par un film égyptien sous prétexte que le long métrage marocain, sorti en 2007, avait été projeté dans plusieurs festivals.
Dans des déclarations à la presse, le réalisateur estime que c’est « un parti pris contre le cinéma marocain », qualifiant cette décision de « non professionnelle » et de « ridicule ».
« Whatever Lola Wants », tourné entre New York et le Caire, aborde la problématique brûlante du crash de civilisations à travers une histoire d’amour entre une Américaine et un Egyptien.
Pour le quotidien « l’Economiste », la censure du film marocain peut être expliquée par les critiques de la presse égyptienne qui le présentent comme étant une œuvre qui « porte atteinte » à l’image de l’Egypte et à celle de « l’homme égyptien ».
« C’est l’image de l’Egypte qui en prend un coup » après la déprogrammation du film marocain, écrit l’autre quotidien, « Le Soir », qui fait état d’un « mystère » qui reste entier surtout que le festival d’Alexandrie célébrera « le jubilé d’or » du cinéma marocain.
Le film est pourtant le plus coûteux dans l’histoire du cinéma marocain, car il a nécessité 10 millions d’euros, soit plus que le double du montant d’aide publique alloué chaque année à une quinzaine de films marocains.
Nabil Ayouch fait partie de la nouvelle génération des réalisateurs marocains qui ont affûté leurs armes depuis les années 90 parallèlement à « la renaissance » du septième art dans le Royaume chérifien.
C'est clair, c'est certainement dû au fait que ce film a été à la base très mal accueilli en Egypte, C'est d'autant plus ridicule qu'Ayouche a su par le passé faire part dans ses films du côté obscure de son propre pays d'origine, et mettre à plat bon nombres de tabous.
Le réalisateur marocain, Latif Lahlou a demandé à la direction du Festival international du cinéma d'Alexandrie de retirer son film « Les jardins de Samira » de la compétition officielle à cause « des comportements inconvenables » des organisateurs à l'encontre du cinéma marocain.Cette demande vient en guise de protestation suite à la décision de la direction du festival de déprogrammer à la dernière minute le film de Nabil Ayouch « Whatever Lola Wants » a-t-il indiqué dans une communication téléphonique avec le bureau de la MAP au Caire.
Latif Lahlou reproche aux organisateurs de n'avoir invité aucun cinéaste marocain à la cérémonie donnée à l’occasion de la célébration du cinquantenaire du premier long métrage marocain, tout en qualifiant cette attitude « d'humiliante » pour le cinéma marocain. Latif Lahlou a également reproché aux organisateurs d'avoir annulé les billets d'avion pour lui et son épouse qui devait être présente en raison de l'état de santé du cinéaste. De plus, l’actrice principale dans son film « Sanae Mouziane » n’as pas été conviée au festival alors qu’elle habite au Caire. Dans ce cadre le cinéaste Marocain a déclaré dans les colonnes du Soir échos: « on retire le film de Nabil Ayouch, on rend hommage au cinéma marocain sans inviter les cinéastes, et finalement, on me demande de payer le déplacement. Je trouves cette attitude incorrecte et incompréhensible de la part des Egyptiens, surtout qu’ils sont accueillis comme des princes quand ils viennent au Maroc »
Cet incident vient entacher l’image d’un festival longtemps considéré comme un symbole du cinéma arabe. A noter par ailleurs que le film "Les jardins de Samira" avait déjà reçu le prix du meilleur scénario lors de la dernière édition du Festival des Films du Monde à Montréal.